Campagne : les gros mensonges des candidats

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Dans toutes les campagnes électorales, on ment. « Mais celle-ci est peut-être un peu différente des autres », souligne Laurent Neumann, directeur de Marianne, qui recense cette semaine « les plus gros mensonges de la campagne » présidentielle, en partenariat avec RMC. « Parce qu’il y a de plus en plus de médias, internet, les réseaux sociaux… », explique-t-il, avant de donner quelques exemples concrets de ce les candidats disent… ou pas, cette année.
« Sarkozy à Fukushima : faux ! »
Selon Laurent Neumann, qui était au micro de Jean-Jacques Bourdin ce lundi matin, « ça a commencé le jour où Nicolas Sarkozy a présenté sa candidature. Le lendemain, il était à Annecy et a dit : Hollande ment matin et soir. Et ça n’a pas arrêté. Deux jours après, il était à Marseille : regardez, il dit une chose contre la finance à Paris et quand il est à Londres il dit le contraire. Et depuis ce jour-là, chaque meeting de chaque candidat consiste à accuser l’autre de mentir. Par exemple hier à Vincennes, François Hollande a dressé la liste des mensonges de Sarkozy : Sarkozy dit de moi que je régularise les sans-papiers, c’est faux ! Il dit que je veux sortir du nucléaire, c’est faux ! Il dit qu’il est allé à Fukushima, c’est faux ! ».
« Avec Marine Le Pen, on a l’embarras du choix… »
Dans cette campagne, quand on n’a pas de gros espoirs à lever ou de grandes mesures à annoncer, on force un peu le trait… « Et avec Marine Le Pen, on a l’embarras du choix, explique Laurent Neumann : elle dit qu’il y a 10 millions de fausses cartes vitales en circulation. On a vérifié, c’est pas vrai. L’IGAS [Inspection Générale des Affaires Sociales], l’institut qui fait référence en la matière, en compte 250 000. Un autre exemple : Marine Le Pen dit que la France est le pays qui a le plus d’immigration. C’est faux : 9% d’immigrés légaux en France, contre 13% en Allemagne, 14% en Espagne, 23% en Suisse ».
« Mélenchon ment par omission »
Pour Jean-Luc Mélenchon, « c’est plus compliqué, estime le directeur de Marianne. Il n’est jamais pris en flagrant délit de mensonge ; il ment la plupart du temps par omission. Par exemple, il ne dit pas où il va trouver les 195 milliards d’euros pour financer le programme du Front de Gauche : les 1700 euros du Smic, le remboursement à 100% des frais de santé…
Un autre mensonge : il se présente comme le "candidat du peuple ouvrier". On a vérifié et il n’est que le 4e sur cet électorat : 10% des ouvriers votent pour Mélenchon, 29% pour Hollande, 26% pour Sarkozy et 17% pour Le Pen ».
« Tout ce que Hollande ne dit pas »
« François Hollande, c’est un peu comme Mélenchon, ajoute Selon Laurent Neumann, il y a tout ce qu’il ne dit pas. Par exemple, il dit qu’il va aligner la fiscalité du capital sur celle du travail, mais il ne dit pas comment. Il dit qu’il va supprimer les stocks options, mais il ne dit pas comment il va encadrer les bonus. Il dit qu’il va instaurer une règle de 1 à 20 pour les rémunérations dans le public, mais il ne dit pas comment il veut y arriver ».
Sarkozy, "candidat du peuple"…
« Quant à Nicolas Sarkozy, son gros mensonge, celui qui fait rire, c’est de se présenter en "candidat du peuple". Il y a une quinzaine de jours, il a dit qu’il venait de découvrir que les entreprises du CAC 40 ne payaient pas d’impôts. Or c’est un député de sa majorité qui est le rapporteur général du budget à l’Assemblée, Gilles Carrez, qui le dit année après année : 17 entreprises sur les 40 n’en payent pas et le taux moyen d’imposition est de 8%, quand les PME payent 33% ! Sarkozy, à l’occasion de la campagne, feint de le découvrir… C’est une blague ! », conclut le directeur de Marianne.