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Colère des agriculteurs: la FNSEA et les JA estiment avoir été "entendus" mais restent mobilisés

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau et le président des Jeunes agriculteurs, Arnaud Gaillot, ce jeudi.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau et le président des Jeunes agriculteurs, Arnaud Gaillot, ce jeudi. - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

La FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont réagi ce jeudi 1er février aux annonces de Gabriel Attal. S'ils estiment avoir été "entendus" et demandent à leurs réseaux la levée des blocages, ils tempèrent néanmoins que des choses ne sont toujours pas "au rendez-vous". Dénonçant une Europe "technocratique", ils appellent le gouvernement à respecter les engagements pris sous peine de reprendre une mobilisation d'ampleur d'ici le mois de juin.

La FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont répondu quasiment dans la foulée à Gabriel Attal, qui a dévoilé ce jeudi des annonces pour tenter de répondre à la crise agricole.

Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a salué une "mobilisation historique de nos réseaux. Depuis près de 20 ans, nous sommes trop nombreux à ne plus comprendre ce qu'on nous demande dans notre métier", a-t-il déclaré. "C'est près de 40.000 agriculteurs qui se sont mobilisés depuis octobre et plus précisément depuis le 16 janvier pour dire finalement leur incompréhension de ce que la société, de ce que nos concitoyens veulent de l'agriculture".

Ces 15 derniers jours sont l'histoire de nos vingt dernières années agricoles, de ces questions que nous posons et qui ne trouvent pas toujours de réponse", a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA

"Changer de logiciel"

"Notre objectif était de dire au gouvernement français et à Bruxelles qu'il fallait changer de logiciel. Cela veut dire reconnaître que l'acte de production, la souveraineté alimentaire et le revenu sont des éléments intangibles de notre métier. Face à cette dignité, nous sommes très touchés du soutien que nous apportent l'ensemble de la Nation".

"C'est la première fois qu'on ressent de manière quasiment charnelle ce soutien des Français", a également déclaré Arnaud Rousseau.

De sérieux tacles visant l'UE

Le président de la FNSEA a salué une "écoute de la part du Premier ministre pour essayer de comprendre nos enjeux".

"Nous nous interregons sur la surdité de l'Europe. Ce combat est intimement lié à ce qui se passe en Europe. C'est notre avenir. En revanche, concernant la question agricole, nous ne comprenons pas cette Europe technocratique", a-t-il dénoncé. "Réaffirmer notre attachement à l'Europe, c'est aussi réaffirmer notre volonté de combattre cette technocratie qui ne respecte pas le travail de nos agriculteurs".

"Le commissaire européen n'a pas été à la hauteur de sa tâche"

Arnaud Rousseau a évoqué une Europe qui "n'est pas au rendez-vous sur la question ukrainienne. Nous attendons des décisions fortes qui vont permettre de protéger le marché intérieur européen et faire en sorte que sur la volaille, les oeufs, le sucre et les céréales, nous puissions protégrer la production européenne", cadre-t-il.

"La position sur le Mercosur est une position ferme de la France qui doit être tenue", a pointé Arnaud Rousseau. "Il est essentiel que les chefs d'Etat et de gouvernement entendent que si on veut protéger l'Europe, il faut qu'on puisse le faire avec ceux qui veulent avancer. Le commissaire européen à l'Agriculture n'a pas été à la hauteur sa tâche."

Les élections européennes de juin : "Une échéance capitale"

"L'échéance des élections européennes en juin est capitale. Nous ne donnons pas de consigne de vote mais nos réseaux veulent réaffirmer que entre ce qu'il se passe aujourd'hui et ce que les européens décideront en juin, nous allons nous engager pleinement pour pouvoir rétablir une vision d'une Europe qui assume sa production alimentaire, qui regarde son marché intérieur avec intérêt, qui comprend que le mot exportation est aussi un élément de son rayonnement. Nous voulons plus d'Europe, cela ne se fera pas sans une totale intransigeance".

Discours d'Attal : des "avancées tangibles" après les annonces "ratées" de vendredi

Arnaud Rousseau a salué dans l'ensemble les annonces de Gabriel Attal : "Les annonces du gouvernement ont quand même donné des gages. Autant le dire, l'exercice de vendredi était raté, incomplet et nous nous réjouissions de l'écoute attentive du Premier ministre pour apporter des réponses complémentaires que nous lui avions demandé. "Nous avons été entendu sur un certain nombre de points avec des avancées tangibles. Il y aussi des choses qui ne sont pas au rendez-vous."

"Nous sommes à ses côtés dans le cap" du Premier ministre. "Nous voulons avancer" a précisé Arnaud Rousseau.

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Levée des blocages

Le président des Jeunes agriculteurs a ensuite pris la parole pour annoncer la suite de la mobilisation. "Après consultation il y a quelques minutes, nous avons décidé qu'il faut changer de mode d'action et nous appelons nos réseaux à suspendre les blocages et à rentrer dans une nouvelle forme de mobilisation. Dès lundi, on va se mettre au travail dans les préfectures et les ministères pour travailler tous les points qui ont été annoncés" a annoncé Arnaud Gaillot.

"Plusieurs conditions à cette levée : la première corde de rappel, c'est le Salon de l'Agriculture. Il y a des travaux qui vont être lancés, il faudra qu'au Salon, il y ait les premiers résultats, cela doit être le marqueur fort de ce changement de logiciel" a-t-il prévenu.

Les Jeunes agriculteurs et la FNSEA veulent également des preuves que les mesures à long terme, qui passeront par la voie européenne ou par la loi d'orientation et d'avenir agricole seront bien concrètes, sous peine de reprendre une "mobilisation d'ampleur" d'ici le mois de juin, a prévenu Arnaud Gaillot.

"Il faut transformer l'essai" : Arnaud Rousseau interpelle Emmanuel Macron

Arnaud Rousseau a conditionné la suite de la mobilisation à la "reconnaissance de la souveraineté alimentaire". "Il nous faut des actes, des choses concrètes".

Le discours de Gabriel Attal "montre la direction, il faut maintenant transformer l'essai. Il faut mesurer ce que cela change. Le Président entend prendre la parole, je l'invite à s'engager pleinement pour dire aux agriculteurs comment cette Europe va répondre à leurs attentes", a déclaré Arnaud Rousseau, notamment à propos des jachères, sur l'IED, le ratio-prairie et la vision que va porter la France sur les sujets agricoles".

Léo Manson