Colère des agriculteurs: les prix planchers, vraiment une bonne nouvelle?

“Un prix plancher pour garantir le revenu agricole”. C’est l’annonce choc d’Emmanuel Macron samedi au Salon de l’Agriculture. Jusqu’ici, son gouvernement y avait toujours été opposé.
Le président souhaite que dans chaque filière soit construit un indicateur qui devrait servir de prix minimum d’achat, en dessous duquel on ne pourrait pas aller.
Un prix minimum qui serait défini par les agriculteurs eux-mêmes, indique sur RMC ce lundi, la porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot.
"On va les fixer, filière par filière, sur les coûts de production avec des indicateurs interprofessionnels. Ça doit pouvoir évoluer, être en méthode agile. Regardez ce qui s’est passé avec la guerre en Ukraine. Si nous avions décidé de prix le 1er janvier et qu’ensuite, la guerre arrivait et qu’on nous avait ‘non, non, circulez il n’y a rien à voir’, on aurait eu un gros problème", assure-t-il.
"Dans le bon sens"
Cette mesure, vue d’un plutôt bon œil par les agriculteurs, suscite encore beaucoup de questions. Sur ce marché près de Rennes, Sophie vend du fromage, et des yaourts, fabriqués avec le lait de ses 70 vaches.
"C’est fait aussi pour diversifier la marge qui n’est pas toujours présente avec les coopératives où les prix sont souvent fluctuants”, indique-t-elle.
Alors que la filière s’entende sur un prix minimum pour le lait, “ça a tendance à aller dans le bon sens”, estime-t-elle.
Un prix plancher délicat à définir
Elle vend une partie de sa production à une coopérative. Le prix, 420 euros la tonne. “C’est bien le minimum qu’il faut atteindre pour garantir les coûts de production et le revenu”, appuie-t-elle. Alors, comment définir ce fameux prix plancher? C’est là que ça risque de coincer.
“Cela dépend de la zone exploitée, des charges de la zone où vous êtes. Un lait montagne qui coûte plus cher à transporter, si on y met le même prix plancher, on va avoir des perdants”, explique Martial Darbon, ex-éleveur et cofondateur de la marque “C’est qui le patron”.
Un argument que réfute Michel Biero, le patron de Lidl. “Je sais qu’il y a autant de coûts de production qu’il y a d’exploitations en France. Mais, et alors? Il y a bien un Smic en France et pourtant le coût de la vie n’est pas le même à Paris qu’à Strasbourg. Pourtant, le Smic est le même. Arrêtons de dire que ce n’est pas possible."
De la bonne volonté qui risque de se rendre les produits français plus chers. Et, selon les opposants à la mesure, de bloquer les exportations.