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Corse: des nationalistes disent s'être introduits dans la maison de Dupond-Moretti, enquête ouverte

Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti le 18 janvier 2023.

Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti le 18 janvier 2023. - JULIEN DE ROSA / AFP

Des militants nationalistes corses se sont introduits dans une maison qu'ils présentent comme étant la résidence secondaire d'Eric Dupond-Moretti. Le ministre de la Justice ni le procureur de la République de Bastia n'ont confirmé que l'adresse en question était bien celle du Garde des Sceaux. Les militants ont justifié leur action pour dénoncer la répression du gouvernement sur l'île de Beauté.

Une enquête a été ouverte suite à l'intrusion de militants indépendantistes corses dans une maison présentée par ceux-ci comme appartenant au ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, dans le village de Centuri (Haute-Corse), a-t-on appris auprès du parquet samedi 3 février.

L'enquête a été ouverte pour violation de domicile et dégradations aggravées, a précisé à l'AFP Jean-Philippe Navarre, procureur de la République de Bastia, sans confirmer officiellement l'identité du propriétaire de la maison visée.

Sur X, le mouvement indépendantiste Core in Fronte a revendiqué samedi une "opération symbolique et politique" visant le "domicile secondaire de Eric Dupond Moretti", afin de "dénoncer les mécanismes répressifs en Corse".

Une action réalisée en public

Aux fenêtres de cette maison, au coeur du village de Centuri, dans le Cap Corse, les militants ont accroché des draps portant notamment les slogans "Répression, amendes, Basta !" ou encore "Soluzione pulitica" (NDLR: "solution politique" en langue corse).

Cette action de Core in Fronte, qui compte six élus à l'assemblée de Corse, a été réalisée en présence de journalistes de France 3 Via Stella et Corse-Matin. Dans leurs revendications, exprimées lors d'une conférence de presse devant la maison, les nationalistes ont directement attaqué un ministre "qui ne s'exprime jamais sur la question politique corse, sur la répression et la situation des anciens prisonniers politiques corses."

La politique "répressive" en Corse pointée du doigt

Dans leur ligne de mire, "les condamnations financières lourdes de plusieurs milliers d'euros contre la jeunesse corse, (...) un véritable racket", après les violences intervenues dans l'île suite à la mort d'Yvan Colonna, le militant indépendantiste condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac en 1998 à Ajaccio, mais aussi le cas personnel de trois militants "victimes de la pression du gouvernement, à travers le parquet."

Interrogé par l'AFP, l'entourage du ministre s'est refusé à tout commentaire sur cette affaire. Dans sa déclaration à la Haute autorité de la transparence de la vie publique, le Garde des Sceaux avait bien déclaré une maison en Corse, sans que l'adresse de celle-ci soit précisée.

Darmanin en visite en Corse mercredi et jeudi

Cette opération de Core in Fronte est intervenue à quelques jours à peine d'une nouvelle visite en Corse du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, mercredi et jeudi, pour "un point d'étape" sur les discussions entamées avec les élus et les autorités corses sur une future éventuelle autonomie pour l'île de Beauté.

Les indépendantistes réclament "un titre pour la Corse et une véritable autonomie", ont ajouté samedi les militants de Core in Fronte, précisant que celle-ci "ne peut faire l'objet d'aucune compromission ou marchandage politicien". Une référence à l'unanimité politique, demandée sur l'autonomie par Emmanuel Macron, président de la République, lors de sa dernière venue en Corse

LM avec AFP