Coupe de France: une finale pas si politique

Samedi soir, le Stade de France était violet. Toulouse a écrasé Nantes en finale de la Coupe de France (5-1). Le terrain a un peu éclipsé "l'autre rencontre" de la soirée, entre les militants contre la réforme des retraites et Emmanuel Macron. Les syndicats avaient appelé à manifester l'hostilité au chef de l'État, présent au Stade de France, avec un carton rouge et des sifflets.
Le préfet de police a d'abord souhaité interdire le rassemblement syndical aux abords du Stade de France. Mais sous les coups de 16 h 30, plus tôt dans la journée, le tribunal administratif de Paris, saisi en référé, a donné tort au préfet de police et autorisé la distribution des cartons et des sifflets.
Chose faite dès 17 heures: les militants sont la sortie du métro et du RER pour distribuer tract et sifflet, sous haute protection policière et dans une ambiance plutôt calme.
"On a connu la finale de la Ligue des champions. Ce n'est rien pour nous. Ici c'est bon enfant", constate Bachir, un bistrotier installé juste en face du stade.
Quant aux cartons rouges et sifflets, les supporters eux, s'en saisissent avec plus ou moins d'enthousiasme: "Au plus, il y a 10% de macronistes qui refusent de les prendre. Sinon une grande majorité prennent nos cartons avec bienveillance" raconte Reza Painchan, secrétaire général de Force Ouvrière en Seine-Saint-Denis, même si certains supporters nuancent leur envie de mêler politique et sport.
Des cartons rouges confisqués
Après la distribution, les supporters munis de leurs cartons arrivent devant le stade où, contrairement à ce qu'avait annoncé le préfet de police de Paris Laurent Nuñez, la plupart des stadiers ont confisqué à la fois les sifflets (interdits par le règlement intérieur du stade), mais aussi les cartons rouges.
"Je trouve ça particulièrement inadmissible" s'insurge Reza Painchan.
"Ma fille quand elle a passé le contrôle habituel, la dame lui a dit vous ne rentrez pas avec ça (le carton rouge). Nous souhaitons rentrer avec" s'indigne Etienne, supporter de Toulouse qui finira, en négociant, par entrer dans le stade avec son carton rouge. Mais beaucoup de supporters n'essaient même pas de rentrer avec et de nombreux papiers jonchent finalement le sol entre les stations de transport en commun et le stade.
Une fois dans le stade, les spectateurs n'auront pas eu le loisir de voir souvent Emmanuel Macron. Le protocole autour de la présence du président de la République à la finale a été largement modifié pour éviter trop d'apparitions du chef de l'État devant le public et ses apparitions sur le grand écran du stade ont été limitées. Emmanuel Macron a bien salué les joueurs avant le début du match, mais dans le couloir entre le vestiaire et la pelouse, sur laquelle il ne mettra pas les pieds.
Si dans la majorité on salue un président "qui s'est fait discret pour laisser la place au sport", comme Violette Spillebout, ce dimanche sur RMC, les oppositions tancent un président qui s'est "planqué" à l'instar de Sébastien Chenu, invité de la Matinale Week-End de RMC au lendemain de la finale:
"Emmanuel Macron s'est planqué toute la soirée en esquivant le contact avec les Français. Il voit qu'il ne peut pas avancer librement", estime le vice-président RN de l'Assemblée nationale.
Peu de sifflets, peu de cartons rouges
Si les syndicats avaient aussi appelé à siffler et brandir un carton rouge à Emmanuel Macron à la 49ème minute et troisième seconde du match, il n'y aura eu finalement que quelques timides huées et cartons rouges brandis mais pas de chant réellement audible contre le chef de l'État.
En fin de match c'est surtout la liesse qui dominait au moment où Emmanuel Macron a remis la coupe de France, non pas du terrain mais de la tribune présidentielle, modification effectuée pour éviter tout risque en cas d'envahissement du terrain. Une remise de la Coupe que les supporters sur place n'ont pas pu voir, n'ayant pas été diffusée sur les écrans géants du stade pour éviter les sifflets contre le chef de l'État.