Défense, souveraineté, libre-échange... Ce qu'il faut retenir du discours d'Emmanuel Macron sur l'Europe

Emmanuel Macron à la Sorbonne, à Paris, le 25 avril 2024 - Christophe PETIT TESSON / POOL / AFP
Le président français Emmanuel Macron a détaillé jeudi 25 avril, depuis la Sorbonne, sa vision de l'Europe, évoquant essentiellement les domaines de la défense et des politiques économique et commerciale, après avoir dressé un bilan de l'Union européenne depuis 2017. Il a également évoqué la campagne des européennes, dont le scrutin se tient le 9 juin.
Défense de la "démocratie libérale"
"Notre Europe est mortelle, elle peut mourir", a déclaré le président de la République française. "A l'horizon de la prochaine décennie, (...) le risque est immense d'être fragilisé voire relégué", a-t-il ajouté, évoquant également les valeurs de la "démocratie libérale" qui sont "de plus en plus critiquées et contestées"
Pour autant, l'idée de souveraineté s'est "imposée en Europe", s'est-il réjoui, "rarement l'Europe n'aura autant avancé", que depuis 2017, malgré "une conjonction de crises" notamment l'épidémie de Covid et la guerre en Ukraine.
" À nouveau, notre Europe ne s'aime pas. Quand on voit tout ce qu'elle a fait, ce qu'on lui doit, c'est étrange, mais c'est ainsi", a-t-il observé.
L'hypothèse d'un bouclir anti-missiles européen
Emmanuel Macron souhaite créer une "Europe puissance" qui "se fait respecter", "assure sa sécurité" et reprend "son autonomie stratégique". Le pésident va inviter les Européens ces prochains mois à bâtir une "initiative européenne de défense" qui inclura "peut-être" un bouclier anti-missile européen.
Il a souhaité la création d'une "capacité européenne de cybersécurité et de cyberdéfense". Le président français a plaidé pour un nouvel "emprunt européen" afin de financer l'effort de défense avec une "préférence européenne dans l'achat de matériel militaire".
"Politique européenne" sur l'immigration
Emmanuel Macron a appelé l'Europe à "retrouver la maîtrise de (ses) frontières pleinement, entièrement et l'assumer". Il a proposé une "structure politique" sur les sujets de migrations, de sécurité, de lutte contre la criminalité organisée et contre le terrorisme.
"Il nous faut une coopération européenne plus forte. Nous devons agir avec plus de fermeté en termes de retour et de réadmission pour les femmes et hommes qui arrivent sur notre sol et qui n'ont pas vocation à rester et qui ne sont pas éligibles à l'asile. Cela impose une vraie politique européenne", plaide Emmanuel Macron.
"Préférence européenne" dans la défense et le spatial
Emmanuel Macron souhaite voir l'Union européenne devenir d'ici 2030 un "leader mondial", avec des "stratégies de financement dédiées", dans cinq "secteurs stratégiques de demain": intelligence artificielle, informatique quantique, espace, biotechnologies et "nouvelles énergies" (hydrogène, réacteurs modulaires et fusion nucléaire).
Le chef de l'Etat veut également inscrire dans les traités communautaires "la préférence européenne" dans "la défense et le spatial".
Le Ceta est un "bon accord", estime Emmanuel Macron
Ca ne peut pas marcher si on est les seuls à respecter les règles du commerce telles qu'elles ont été écrites il y a 15 ans", a estimé le président français, appelant à réviser la politique commerciale car Chine et Etats-Unis ne "respectent plus les règles" en "subventionnant les secteurs critiques".
"Nous devons systématiser le recours à des instruments de concurrence loyale", a-t-il insisté. Pour le président français, "on est gagnants sur le Ceta", le traité de libre-échange avec le Canada, rejeté par le Sénat français, grâce aux "clauses miroirs". Il a évoqué "un accord commercial de nouvelle génération", contrairement au Mercosur.
"Choc d'investissement"
Le président français a défendu l'intégration dans les missions de la BCE d'"un objectif de croissance, voire un objectif de décarbonation". "On ne peut pas avoir une politique monétaire dont le seul objectif est un objectif d'inflation, qui plus est dans un environnement économique où la décarbonation est un facteur d'augmentation des prix", a estimé le chef de l'Etat.
"Il nous faut à nouveau un choc d'investissement commun, un grand plan d'investissement budgétaire" pour la défense, l'intelligence artificielle, la décarbonation, a-t-il plaidé en demandant un doublement de "la capacité d'action financière" de l'UE.
Emmanuel Macron souhaite une majorité numérique à 15 ans
Emmanuel Macron a dit souhaiter que la majorité numérique dans l'Union européenne passe à 15 ans, et pour un "contrôle parental" de l'accès aux réseaux sociaux en-dessous de cet âge. "Parce que c'est un accès, si on n'en contrôle pas les contenus, qui est le fruit de tous les risques et des déformations d'esprit, qui justifient toutes les haines".
Les européennes sont des "élections nationales"
Emmanuel Macron a bel et bien évoqué la campagne des européennes. "Regardez les élections que nous avons aujourd'hui. Ce sont autant d'élections nationales, c'est cela la réalité", regrette-t-il.
Le chef de l'Etat a plaidé pour des listes "transnationales qui sont la possibilité aux élections européennes d'avoir un vrai débat démocratique européen". "Cette idée n'a pas encore suscité l'unanimité de nos partenaires", précise-t-il dans un sourire.
"On ne peut pas avoir un continent et des instances qui décident de plus en plus avec une participation démocratique qui reste au niveau de 1979. Il nous faut de l'audace pour plus de démocratie européenne".
"Nous ne sommes pas comme les autres"
Emmanuel Macron a déclaré vouloir "sceller une promesse". Celle de "défendre cet humanisme européen qui nous lie. Si on veut protéger nos frontières, si on veut rester un continent fort qui produit et qui créé, c'est quand même parce qu'on est pas comme les autres. Il ne faut jamais l'oublier, nous ne sommes pas comme les autres".
"C'est une aventure qu'on continue malgré tous ceux qui doutent. Etre européen, c'est défendre une certaine idée de l'Homme qui place l'individu libre, rationnel et éclairé au-dessus de tout", a-t-il conclu, après avoir vanté tout au long de discours "l'humanisme européen".