IA: "L'UE est systématiquement en retard" sur les autres pays, alerte l'économiste Nicolas Bouzou

"L'Union européenne est systématiquement en retard" sur le développement technologique. Alors que le Parlement européen a adopté, mercredi, un texte visant à contrôler et réguler l'intelligence artificielle. Nicolas Bouzou, économiste invité d'Apolline Matin ce jeudi sur RMC et RMC Story, déplore la méfiance des états membres.
Auteur du livre "La civilisation de la peur - Pourquoi et comment garder confiance en l'avenir", il alerte les pays européens sur le retard qu'elle concède, en "régulant systématiquement", sur les États-Unis et la Chine. "Il y a un choix à faire. Est-ce qu'on privilégie la peur et la régulation ou est-ce qu'on laisse le secteur se développer et on pousse les entreprises européennes?", interroge-t-il, tout en assurant "bien sûr qu'il faut réguler l'intelligence artificielle".
"On voit vraiment les choses, en Europe, de façon négative".
Selon lui, les actions de l'Europe sont dictées par la peur. Par exemple, dans le secteur de la santé, "la peur qui domine, grosso modo, c'est que l'IA va remplacer les médecins. Je prends l'engagement devant vous, il y aura des médecins dans dix ans, simplement il faut qu'ils travaillent avec l'intelligence artificielle pour nous aider nous les patients", détaille Nicolas Bouzou.
Une approche différente de l'IA
À l'origine de ces craintes, "on se fait peur avec de la science-fiction, qui en général anticipe très mal la réalité", explique l'économiste qui appelle les Européens à "se calmer".
Tout cela a pour conséquence, selon lui, une mise en retrait de l'Europe et de la France: "Aujourd'hui en France on fait le système de santé du 20e siècle. On ne fait pas le système de santé du 21e siècle." Surtout par rapport à la Chine et aux États-Unis, qui ont une approche différente de l'intelligence artificielle.
"Ils la voient comme un moyen d'être beaucoup plus puissants économiquement et de faire un certain nombre de choses dans la médecine, dans l'accès à la culture, dans les domaines des transports, de l'énergie, qui vont permettre d'améliorer l'existant", explique Nicolas Bouzou.
Ce dernier craint que le développement technologique soit "une course entre grandes entreprises américaines", dans laquelle les pays européens seront spectateurs.