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Deux ou trois raisons de ne pas voter… Eva Joly

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC.

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Jean-Jacques Bourdin recevait Eva Joly ce mardi sur RMC/BFMTV. La candidate EELV à la présidentielle est au plus bas dans les sondages. Première raison de ne pas voter pour elle: lui offrir un repos bien mérité...

La première de toutes les raisons de ne pas voter Eva Joly, c’est la compassion. Eva Joly a énormément souffert depuis six mois : c’est peut-être une écologiste, mais ce n’est pas une femme de (la) campagne. Elle est épuisée, elle a tellement dégringolé dans les sondages qu’elle a fini par tomber dans les escaliers. Elle a du courage, c’est incontestable, mais il vaut mieux qu’elle s’arrête. Si elle finit à 3%, ce sera si peu glorieux qu’elle est assurée qu’on ne lui demandera pas de si tôt de se lancer dans une nouvelle élection. Bref, elle a bien mérité de se reposer. La 2ème raison – plus sérieuse – c’est qu’elle a totalement échoué à faire exister les idées écologistes dans la campagne. Donc, il est logique qu’elle en paie le prix politique.

Est-ce que c’est seulement la faute d’Eva Joly si on parle peu d’écologie dans cette élection ?

Elle n’a pas forcément le monopole de cet échec, mais elle doit l’assumer – elle le fait d’ailleurs, et ça ne manque pas de panache. De fait, si une candidature écologiste ne permet pas avant tout de promouvoir l’écologie, on peut se demander à quoi elle sert. N. Dupont-Aignan peut dire qu’il souffre d’une forte concurrence quand il essaie de vanter les mérites du protectionnisme – presque tous les candidats le font. Mais Eva Joly est la seule qui milite pour l’arrêt du nucléaire, la seule qui prône un modèle de décroissance, la seule à défendre une vraie fiscalité anti-pollution. Elle n’a pas réussi à se faire entendre alors que dans le monde entier, les questions d’environnement sont au cœur de tous les débats sur l’avenir de la planète. Qu’on soit sensible ou non à ces idées-là, il faut bien dire qu’elle a fait un bide.

A sa décharge, il semble que ses amis Verts ne l’aient pas beaucoup aidée…

On peut même parler de sabotage. La vérité, c’est que depuis qu’ils ont signé leur accord avec le PS pour présenter des candidats aux législatives dans 63 circonscriptions, les Verts espèrent un groupe parlementaire dans la future Assemblée et du coup, ils se moquent bien du score d’Eva Joly. L’objectif n’est pas illégitime en soi – et c’est vrai que les députés écologistes sont si rares qu’ils relèvent de l’espèce à protéger. Il n’empêche que c’est un comportement politicien qui jure avec les intentions rénovatrices affichées par les Verts. De ce point de vue, ne pas voter pour Eva Joly revient donc à sanctionner un arrangement médiocre qui en plus a été négocié sur le dos de la candidate. Plus son score final sera mince, moins l’accord avec le PS aura de chance d’être respecté. A ce moment-là, Cécile Duflot sera verte – mais de rage. Eva Joly aura été sacrifiée, mais son martyre n’aura pas été inutile. Du moins, pas complètement.

Hervé Gattegno