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Electeurs, donnez aux partis une leçon de morale !

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC.

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC. - -

Second tour dimanche des élections législatives. Le PS espère avoir la majorité, l'UMP espère l’en empêcher, le FN compte enfin obtenir quelques élus. Electeurs, donnez aux partis une leçon de morale !

Durant cette campagne, on aura beaucoup parlé de « valeurs » et de principes – pas toujours à bon escient. En politique, ce ne sont pas ceux qui professent la morale qui la pratiquent le mieux. Prenez François Bayrou : il se pose en victime du sectarisme parce que l’UMP veut le faire battre et que le PS ose présenter un candidat contre lui. C’est le contraire qui aurait été stupéfiant : il a appelé à voter contre Sarkozy tout en se disant hostile au projet de Hollande. S’il est député, il votera donc contre les textes du gouvernement. Le PS n’allait pas demander à ses électeurs de voter pour un opposant. Ça n’aurait ni moral ni « normal » – plutôt… bancal.

Et à La Rochelle, dans le duel entre Ségolène Royal et Olivier Falorni, où est la morale ?

Nulle part. C’est grâce à la cruauté et à la maladresse de Valérie Trierweiler que Ségolène Royal apparait sympathique, pathétique même. Avant cela, elle avait agi en parfaite politicienne : elle a choisi la circonscription la plus favorable de sa région pour s’assurer un triomphe et lancer sa campagne pour la présidence de l’Assemblée. Le tout avec le soutien forcé du PS parce que François Hollande ne voulait rien lui refuser. En face, Olivier Falorni est arrivé second. Logiquement, il aurait dû se retirer. S’il ne le fait pas, c’est qu’il compte sur le soutien de la droite locale pour gagner. Personne ne mérite un prix de vertu.

L’autre grand sujet de l’entre-deux tours, c’est la question des rapports entre l’UMP et le FN. Quelle pourrait être la position « morale »sur ce sujet ?

Défendre des convictions avec clarté et constance. Personne ne croira que l’UMP et le FN seraient d’accord sur l’essentiel : voilà 30 ans qu’ils s’affrontent, s’accusent des pires maux – avec les mots les pires… Ce qu’ils ont en commun, c’est une détestation réciproque. Juste pour l’exemple, rappelons que le FN est pour la retraite à 60 ans et pour la sortie de l’euro – ce dont l’UMP dit (à juste titre) que c’est une folie. Quelques candidats de l’UMP prêts à tout dire pour sauver leur tête font semblant de l’oublier. C’est injurieux pour leurs électeurs. Comme d’ailleurs la « liste noire » de Marine Le Pen : en fonction des cibles à abattre, elle appelle à voter PS ici, UMP là comme si les idées n’avaient plus aucune importance… C’est moins de la politique que de la chasse à l’homme.

Enfin, il se passe aussi beaucoup de choses à Marseille...

C’est l’autre capitale politique de la France. Le PS a retiré son investiture à la députée Sylvie Andrieux, qui est poursuivie par la justice. Mais il n’a présenté personne contre elle et au 2ème tour, il la soutient parce qu’elle est opposée au FN – la morale a bon dos… Et puis il y a Marie-Arlette Carlotti : une femme estimable mais qu’on présente comme l’icône de la résistance au système Guérini – elle a voté pour lui au conseil général il y a un an ! La vérité, c’est que le PS a mis tous les moyens – y compris sa nomination au gouvernement – pour faire battre son adversaire de l’UMP, Renaud Muselier, qui est justement celui qui a le plus combattu le clan Guérini, quitte à subir des menaces et des attaques inimaginables. Si en définitive, c’est lui qui est battu, on ne pourra pas dire que la morale qui l’aura emporté.

Pour écouter Le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce vendredi 15 juin, cliquez ici.

Hervé Gattegno