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Emmanuel Macron, François Bayrou, Alexis Kohler... Le bilan acide de Jean-Michel Blanquer

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Invité des "Grandes Gueules" ce mercredi sur RMC, Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l'Éducation nationale d'Emmanuel Macron, a jugé "irrationnel" le pari du président quand il a dissous l'Assemblée nationale. Il est aussi revenu sur la personnalité du chef de l'État et a réglé ses comptes avec des figures du macronisme.

"Il y a quelque chose d'absurde dans ce qu'il s'est passé". Jean-Michel Blanquer est revenu, ce mercredi dans Les Grandes Gueules sur RMC et RMC Story, sur la situation floue dans laquelle se trouve le monde politique français aujourd'hui et les raisons qui en sont à l'origine.

L'ancien ministre de l'Éducation nationale, entre 2017 et 2022, a estimé que la dissolution était "un pari évidemment totalement irrationnel" de la part d'Emmanuel Macron. "Je pense que parfois, le président a un goût pour ce qui est disruptif, un goût aussi pour donner le sentiment qu'il a la maîtrise, qu'il est au centre du jeu. Ce qui est institutionnellement vrai pour un président de la République, mais il ne faut pas abuser de ça", a argumenté Jean-Michel Blanquer, auteur du livre La citadelle, au coeur du gouvernement (Albin Michel).

"Le fait de céder comme ça à l'immédiateté a été quelque chose de terrible et presque une sorte de fable de notre époque", a-t-il ajouté.

Jean-Michel Blanquer est également revenu sur la personnalité du chef de l'État, "quelqu'un qui écoute, quelqu'un qui a comme qualité de pouvoir passer du temps à vous écouter". Il est attentif", assure-t-il. Mais "en réalité, comme tout le monde, il y a des sujets sur lesquels il démord difficilement".

Jean-Michel Blanquer face aux GG - 04/09
Jean-Michel Blanquer face aux GG - 04/09
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L'ancien ministre a pointé du doigt "une forme de refermement sur soi" d'Emmanuel Macron après la crise sanitaire. "Le problème, c'est quand il y a une forme de refermement sur soi, c'est-à-dire quand à la fin, vous êtes dans la méfiance et vous vous repliez dans votre citadelle", a expliqué Jean-Michel Blanquer qui a senti dans la campagne de 2022 "cet enfermement sur soi". "Il n'y avait plus les sujets de bienveillance, de participation", a-t-il précisé.

François Bayrou, donneur de leçons "irritant" pour Jean-Michel Blanquer

Interrogé sur l'annonce d'Édouard Philippe, qui a déclaré être "candidat à la prochain élection présidentielle" dans un entretien accordé au Point, Jean-Michel Blanquer n'est "pas convaincu par ce timing".

"Aujourd'hui, il faut être concentré sur le Premier ministre et les grands sujets de la France. En ce moment, le message que l'on doit passer, c'est pensons à autre chose qu'à 2027", a estimé l'ancien ministre au micro des Grandes Gueules.

Jean-Michel Blanquer n'a pas été tendre avec d'autres figures du macronisme. À commencer par François Bayrou, qu'il définit comme "le génial inventaire du volontarisme d'atmosphère, une fumée que l'on sent toujours mais que l'on ne voit jamais" dans son livre.

"Dans le cas de François Bayrou, ce qui a été irritant pour moi, c'est de le voir donner des leçons tous les jours", a-t-il déclaré sur RMC ce mercredi.

"Comme on peut comparer nos bilans, puisqu'il a fait quatre ans de ministre de l'Éducation, au moins j'ai fait des choses. C'est très facile, si vous voulez, de dire 'ah oui Blanquer, les gens sont énervés à son sujet', très bien, mais au moins j'ai quelque chose à présenter et j'ai des arguments très forts pour dire qu'il y avait des raisons pour faire ces choses-là, alors que j'ai eu à rattraper toute une baisse du système scolaire depuis plusieurs décennies, dont certaines sources sont dans les années 90 quand il a eu des responsabilités", a également dénoncé Jean-Michel Blanquer.

L'ancien ministre en a également profité pour tacler Alexis Kohler. Le secrétaire général de l'Élysée est "un serviteur de l'État tout à fait respectable", a reconnu Jean-Michel Blanquer, "mais on ne devrait jamais rester sept ans dans des fonctions pareilles."

"Tout être humain, lui comme un autre, doit de temps en temps voir autre chose. Les dérives, c'est quand vous prenez 200 décisions par jour et que vous croyez qu'elles vont être bonnes parce que c'est vous qui les prenez", a pointé Jean-Michel Blanquer.

T.R.C.