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Être candidat à l'Élysée, ce n'est pas un droit !

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, tous les matins à 8h20 sur RMC.

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Le débat se poursuit sur la question des 500 signatures. Beaucoup de "petits" candidats se plaignent d'avoir du mal à les réunir. Mais être candidat, ce n'est pas un droit !

C'est agaçant, en effet, d'entendre les lamentations des prétendants autoproclamés qui dénoncent un scandale démocratique : une oppression bureaucratique leur interdirait de figurer au premier tour. La réalité, c'est que la règle des 500 signatures sert à limiter le nombre de candidats ; pas par principe, mais parce que s'il y a trop de candidats, c'est le principe même de la présidentielle qui est dénaturé - parce que l'objectif est de donner la plus forte légitimité possible à un responsable capable de rassembler une large proportion de Français. Ce n'est ni un casting, ni une tombola, ni une émission de télé-réalité. Navré de le dire, mais, contrairement à une idée qui tend à s'imposer, tout le monde n'a pas sa place au premier tour de la présidentielle - y compris parmi ceux qu'on entend pleurnicher...

Qui, d'après vous, n'aurait pas le droit de se présenter ?

Je ne dis pas que tel ou tel n'a pas le droit d'être candidat, mais que la candidature n'est pas un droit. C'est une faculté qui se mérite. Il y a 47 500 élus aptes à parrainer un candidat. Celui qui ne peut pas en convaincre 500 doit se poser la question de sa légitimité, et pas seulement critiquer le système ou dénoncer la censure. Ce que je dis vaut pour Christine Boutin et Corinne Lepage, des femmes estimables, mais qui ne peuvent pas exiger d'avoir leur place parce qu'elles ont des convictions et qu'elles ont été ministres ; pour Philippe Poutou et Nathalie Arthaud - peut-être qu'un seul candidat trotskiste suffirait ; ou pour Frédéric Nihous - que les chasseurs aient un candidat à l'Élysée, c'est à peu près aussi utile que d'avoir des chasses présidentielles...

Pourquoi ceux-là plus que d'autres ? Après tout, Dominique de Villepin ou Hervé Morin non plus n'ont pas leurs signatures...

C'est vrai. Ils doivent donc, eux aussi, s'interroger sur le sens de leur démarche. La réalité oblige quand même à dire que l'un a été Premier ministre, l'autre dirige un parti qui a 450 élus dans toute la France. Ce ne sont pas de vrais prétendants à l'Élysée, mais ils ne sont pas insignifiants (au sens propre) ; comme Eva Joly, qui a les parrainages, mais qui n'est là que pour instaurer un rapport de force des Verts avec le PS - vu les sondages, ils doivent se demander si c'était une bonne idée. En fait, il y a aussi une foultitude de candidats que nous ignorons arbitrairement : plus petits que les "petits", monarchiste, antiraciste, partisan de l'esperanto, du vote blanc, de la dissolution de l'Europe. Des micro-candidats : des candidats qui veulent simplement qu'on leur tende un micro. Ils ne disent pas tous que des âneries, mais ils n'ont rien à faire dans une présidentielle.

Parlons quand même de Marine Le Pen. Vous avez déjà dit ici qu'elle devrait pouvoir se présenter. Vous le pensez toujours ?

Bien sûr. Elle n'est évidemment pas un petit candidat, et si le système l'empêche de se présenter, c'est qu'il est défaillant. On pourrait le compléter par une pétition citoyenne - par exemple 500 000 électeurs. Mais je suis contre l'anonymat des signataires, parce que l'élu qui signe doit assumer sa responsabilité. Au-delà, ce que montre l'inflation des candidatures, c'est le besoin d'expression de courants qui - à tort ou à raison - se sentent négligés ou ignorés. Pour éviter que la présidentielle en soit polluée, il faut assurer une meilleure représentation des Français au Parlement et dans les collectivités. Autrement dit : une dose de proportionnelle. On y viendra.

Ecoutez ci-dessous le "Parti Pris" d'Hervé Gattegno de ce vendredi 3 février 2012 :

Hervé Gattegno