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François Hollande consolide sa position de favori

A quatre jours du premier tour de l'élection présidentielle, François Hollande reste solidement installé dans le fauteuil de favori face à un Nicolas Sarkozy qui cherche une improbable parade. /Photo prise le 17 avril 2012/REUTERS/Pascal Rossignol

A quatre jours du premier tour de l'élection présidentielle, François Hollande reste solidement installé dans le fauteuil de favori face à un Nicolas Sarkozy qui cherche une improbable parade. /Photo prise le 17 avril 2012/REUTERS/Pascal Rossignol - -

Soutiens en rafale, sondages obstinément favorables, doutes à droite : François Hollande reste solidement installé dans le fauteuil de favori de l'élection présidentielle face à un Nicolas Sarkozy qui cherche une improbable parade.

A quatre jours du premier tour du scrutin, le candidat socialiste a vu nombre de personnalités qui ont participé à des gouvernements de droite annoncer qu'ils voteraient pour lui.

Fadela Amara, ex-secrétaire d'Etat à la Ville, et Martin Hirsch, ancien haut commissaire aux solidarités actives, deux symboles de l'ouverture à gauche du président sortant, ont rejoint deux anciens ministres de Jacques Chirac, le centriste Azouz Begag et l'écologiste Corinne Lepage.

Jacques Chirac a lui-même laissé un de ses proches faire connaître son choix de voter pour François Hollande, comme une centaine de vedettes du monde sportif français.

Les tout derniers sondages ont également de quoi faire tourner la tête du candidat socialiste. Ils le donnent gagnant au deuxième tour avec un écart énorme, largement supérieur à la marge d'erreur : BVA le donne à 56%, CSA à 58%, Ipsos à 56%, Harris à 53% et Ifop-Fiducial à 54,5%.

L'homme s'efforce de modérer l'enthousiasme de ses troupes pour éviter une démobilisation de son électorat et une dispersion des voix à gauche au premier tour.

"Gardez-vous de toute euphorie", a-t-il dit mardi soir devant 10.000 personnes réunies au Grand Palais de Lille.

François Hollande a d'ailleurs conseillé mercredi sur France Inter une "bonne douche froide bien glacée" aux ténors socialistes qui sont déjà tentés de se partager les postes.

"Surprises", dit Sarkozy

Mais à Lille, il n'a pas caché à une foule scandant "on va gagner" qu'il partageait son sentiment : "vous êtes bien informés", a-t-il lancé.

Face à cette situation, Nicolas Sarkozy tente de mobiliser son camp en assurant qu'il fera mentir les sondages, même si les ténors de la majorité confient en privé qu'ils n'y croient plus.

"Ce que je me réjouis des surprises que vous allez avoir, vous ne pouvez pas savoir", a t-il dit aux journalistes qui lui demandaient mardi en Bretagne s'il croyait à sa victoire.

Le président-candidat multiplie les attaques contre une gauche présumée dispendieuse qui précipiterait la France dans la faillite et entraînerait l'euro dans sa chute, tout en annonçant qu'une fois réélu il obligerait la Banque centrale européenne à se préoccuper de la croissance et plus seulement de l'inflation.

Il tente aussi d'engranger des voix de droite dans l'espoir de passer en tête au premier tour afin de créer une dynamique susceptible de relancer sa campagne.

Nicolas Sarkozy a ainsi tendu une branche d'olivier à son pire ennemi à droite, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, qu'il avait voulu "pendre à un croc de boucher" pour le rôle qu'il lui prête dans l'affaire Clearstream, des faux fichiers de comptes luxembourgeois où son nom apparaissait.

Il n'a pas exclu mercredi d'annoncer le nom de son Premier ministre entre les deux tours de la présidentielle, une manière de laisser entendre que ce pourrait être le centriste François Bayrou, dont les voix lui seront indispensables.

Bayrou en Cassandre

Dans ce contexte, le suspense pour le premier tour semble se réduire au match pour la troisième place.

Forte des sondages qui lui promettent la troisième marche du podium, même si elle vise officiellement le second tour, la candidate du Front national, Marine Le Pen, peut envisager de faire aussi bien que son père en 2002, lorsqu'il avait recueilli 16,86% des voix.

"Faites-vous entendre, hurlez votre colère ! Bougez-vous", a-t-elle ordonné mardi soir à ses militants en meeting à Paris.

Le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, est son principal rival pour la troisième place et entend bien obtenir suffisamment de voix pour créer un rapport de force avec le PS.

François Hollande a senti le danger, qui a implicitement appelé mardi soir à voter utile.

"Il n'y a pas deux gauches, il y a une gauche qui veut gagner, qui veut diriger", a-t-il dit. "Je veux agir, je ne veux pas simplement contester, protester, résister."

François Bayrou, qui semble quant à lui destiné à être le cinquième homme de la présidentielle, avec 10% des voix, voire moins, selon les sondages, bien loin de ses rêves présidentiels, paraît résigné à jouer le rôle de Cassandre.

"Depuis des semaines et des semaines, on est en train, citoyens et citoyennes, de se moquer de vous : ce sont des illusions et des fariboles qu'on place devant vous", a-t-il dit devant ses sympathisants réunis mardi soir près de Nantes.

Yves Clarisse, avec service France, édité par Gilles Trequesser

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