Grenoble: après l'interpellation de livreurs sans papiers, Eric Piolle répond à Gérald Darmanin sur RMC

Une dizaine de livreurs sans papiers travaillant pour des plateformes ont été interpellés cette semaine en Isère et sommés de quitter le territoire lors d'une opération de contrôle, qualifiée de "rafle" par la CGT.
Des opérations simultanées, baptisées "Uber Eats", ont visé les livreurs mercredi soir à Grenoble, Voiron et Vienne, et des ressortissants algérien, burkinabé, guinéen ou tunisiens ont été interpellés, selon la police nationale.
Placés en garde à vue à Grenoble et à Lyon, ils ont été relâchés après s'être vu notifier des obligations de quitter le territoire français (OQTF) et des interdictions de retour sur le territoire (IRTF), a déclaré Mohamed Fofana, responsable CGT des livreurs dans l'Isère lors d'un point presse vendredi à Grenoble.
"La place Victor Hugo (à Grenoble) a été complètement fermée par des camions de police. C'était une nasse. Cela s'appelle une rafle quand cela vise une catégorie particulière de personnes", s'est indigné de son côté un responsable de l'Union locale de la CGT, Alain Lavi.
Plusieurs des livreurs interpellés ont témoigné de leur incompréhension et de leur "peur". "Nous nous sentons persécutés, nous ne sommes pas en sécurité", a déclaré l'un d'eux sous couvert d'anonymat. Leurs vélos, leurs "outils de travail", ont été saisis, ont-ils déploré.
Des livreurs "gravement exploités" d'après le procureur
La mairie et la métropole de Grenoble leur ont apporté leur soutien. Le maire écologiste Eric Piolle avait dénoncé une "indignité", dans un message publié jeudi soir sur le réseau X.
Le procureur de Grenoble Eric Vaillant lui a répondu sur le même réseau que les contrôles avaient été faits à sa demande et avaient "permis de constater que les livreurs en situation irrégulière étaient gravement exploités par ceux qui leur sous-louaient leur licence".
La préfecture de l'Isère a pour sa part souligné être garante "de l'application des lois de la République".
La polémique a pris une envergure nationale quand Gérald Darmanin, vendredi matin, s'est emparé du sujet à la suite de la présentation du plan de sécurité pour le réveillon de la Saint-Sylvestre.
"C'est à la demande de la justice que ces contrôles de policiers ont été effectués et c'est une très bonne chose: il y a de l'ordre dans ce pays", avait confirmé Gérald Darmanin devant la presse.
"On n'a pas le droit de travailler irrégulièrement sur le territoire national et on ne peut pas laisser des employeurs utiliser irrégulièrement des personnes en les exploitant", a-t-il ajouté. "J'invite le maire de Grenoble à aimer les policiers et à soutenir les lois de la République."
"(...) masquer l'échec des politiques de Macron"
Sur RMC ce samedi 30 décembre, dans la Matinale WeekEnd, le maire (EELV) de Grenoble Eric Piolle est revenu sur la polémique engendrée par ces interpellations et les propos du ministre de l'Intérieur.
"Ce sont toujours les postures faciles de Monsieur Darmanin qui ramène ça toujours sur la question des sentiments alors qu'il vient là, avec la loi immigration, de faire entrer le programme de Jean-Marie Le Pen des années 80 dans la loi française", a dénoncé Eric Piolle.
Eric Piolle parle d'"indignité" et reproche à Gérald Darmanin "de pointer les boucs émissaires pour masquer l'échec des politiques de Macron".
"Il appelle à aimer les policiers, mais ils n'ont pas besoin d'amour, ils ont besoin de respect, de considération, de ne pas être pris comme des instruments de la politique du chiffre du ministre de l'Intérieur qui joue avec ses petits bras.", a taclé Eric Piolle au micro de Matthieu Rouault.
Le maire de Grenoble en a profité pour rappeler que sa ville manquait d'effectifs de police, une police nationale insuffisamment présente, "avec des problèmes de formation également".