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Politique

Hollande, la vie sans le Parti

Christophe Jakubyszyn.

Christophe Jakubyszyn. - -

Prise de distance avec la fédération socialiste du Pas-de-Calais, quelques désaccords avec la ligne du parti... Ce mardi matin je me pose une drôle de question. François Hollande est-il encore le candidat du Parti socialiste ?

Mais qu’arrive-t-il à François Hollande ? Hier lundi sur RTL, il est presque allé aussi loin que Lionel Jospin qui avait dit « mon projet n’est pas socialiste ». Il a voulu prendre notamment ses distances par rapport aux affaires de corruption dans le Pas-de-Calais en déclarant : « Je n'ai à ménager personne. Je ne suis pas le candidat simplement d'un parti. Je suis candidat à l'élection présidentielle pour faire le changement en 2012, rien ne me détournera ».

Valls : « La vie de Hollande, ce n’est plus celle du PS »

C'est un peu plus nuancé que Lionel Jospin. Il dit : « Je ne suis pas que le candidat d’un parti ». Mais son bras droit, Manuel Valls est allé lui un peu plus loin sur Europe 1 : « Sa vie, ce n'est plus celle du Parti socialiste. Ce que les Français attendent, c'est son projet pour le pays », a ajouté le député-maire d'Evry.

Encore une fédération du PS embarrassante

Il arrive à François Hollande ce qui arrive au capitaine Haddock… Vous savez le coup du sparadrap. Le sparadrap dont le capitaine veut se débarrasser sans vraiment y arriver.
Prenez le cas de la fédération du Pas-de-Calais. Arnaud Montebourg a écrit une lettre à Martine Aubry en fin de semaine dernière : « Contrairement à ta gestion calamiteuse des Bouches-du-Rhône, je te demande d’intervenir dans la fédération du Pas-de-Calais ».
Arnaud Montebourg parle notamment « d’un système de corruption généralisée dans cette fédération et des complicités dont elle jouit au niveau national, dont la présence de Jack Lang dans ce département n’est qu’un triste symptôme… ». Je vous le dis, avec un parti comme celui-là, le candidat socialiste est bien paré sur la route de la présidentielle.

D’autres raisons de prendre le large pour le capitaine Hollande ?

Il y a aussi Martine Aubry ! A quel jeu joue la première secrétaire ? La question est ouvertement posée dans l’entourage du candidat. Après le cafouillage sur le pacte nucléaire signé avec les Verts, après la polémique sur la suppression du droit de vote de la France à l'ONU, François Hollande a dû essuyer l’affront des investitures socialistes aux législatives.
Les partisans d’Aubry se sont vus réserver la part du lion, alors que des proches de François Hollande ont été éconduits. Comme le chef de cabinet du candidat socialiste, Faouzi Lamdaoui qui n’a pas été investi sur la 9e circonscription des Français de l’étranger. Il a exprimé son amertume sur Twitter, en s'en prenant directement à François Hollande : « Que vaut l'homme politique sans le sens de la parole donnée ? Le vrai leader doit respecter ses engagements en particulier envers ses compagnons historiques… ».

Petits changements de programme

Hier François Hollande a précisé par exemple sa position sur les retraites. Il promet d’être plus souple pour ceux qui auront la totalité de leurs trimestres de cotisation dès 60 ans. Mais alors que Martine Aubry prône un retour généralisé aux 60 ans, quitte à amputer le montant de la pension, il a entériné en creux le recul de l'âge légal à 62 ans.
Mais évidemment en même temps François Hollande donne aussi des gages à l’électorat de gauche. Il l’a fait hier sur l’Europe expliquant que s’il était élu président de la République, il « renégocierais cet accord pour y mettre ce qui lui manque aujourd'hui ».
Hier la gauche a applaudi des deux mains.
Au fond, c’est ça l’équation de François Hollande. Continuer à être de gauche, sans n’être plus vraiment socialiste…

Écoutez "Les coulisses de la politique" de Christophe Jakubyszyn de ce mardi :

Christophe Jakubyszyn