"Il est temps que la société évolue": 33 maires veulent abaisser le droit de vote à 16 ans, bonne idée?

Faut-il abaisser le droit de vote à 16 ans aux élections municipales ? Dans une tribune à l'initiative d'Unicef France, publiée dans Ouest France, 33 maires plaident pour cette mesure. Parmi les signataires, les maires de grandes villes comme Paris, Lyon, Strasbourg ou encore Rennes.
"Aujourd'hui, on a un problème démocratique. Il faut développer les moyens pour que la population en général et les jeunes en particulier se sentent acteurs de la démocratie", défend, sur RMC, Nicolas Mayer-Rossignol, maire PS de Rouen (Seine-Maritime) signataire.
1.6 millions de jeunes concernés
Selon lui, les jeunes sont "concernés par plein d'aspects de la politique et des actions politiques". L'élu cite notamment l'horaire de passage des bus, les formations auxquelles ils ont droit et les financements auxquels ils peuvent avoir accès. "Est-ce qu'ils peuvent décider aujourd'hui sur ces décisions ? La réponse est non", se désole-t-il.
"Je pense qu'on peut changer ça. Ce n'est pas une solution miracle d'abaisser à 16 ans, mais ça correspond mieux à une réalité. Il est temps que la société évolue", insiste Nicolas Mayer-Rossignol.
Cela concernerait 1,6 million de jeunes, qui auront entre 16 et 18 ans à la date du vote des prochaines élections municipales, en 2026. "Les jeunes ne s’intéressent pas aux partis politiques, mais ils s’intéressent à la vie politique, collective et citoyenne", argumente la présidente de l'Unicef France Adeline Hazan, dans Ouest France. Cette dernière ajoute également que "le député MoDem Emmanuel Mandon est prêt à déposer un amendement dans sa proposition de loi visant à renforcer la démocratie locale".
Les jeunes favorables
Les principaux concernés sont assez favorables à cette mesure. "On est une génération où on est de plus en plus à vouloir s'intéresser à la politique et à ne pas se sentir exclus", justifie Léa.
"Le fait de pouvoir voter à 16 ans, je pense que ça nous permettra d'avoir plus de gens intéressés à la politique et d'avoir moins de votes blancs", ajoute-t-elle.
Père d'un fils de 17 ans, Vincent, des Hauts-de-Seine, est également favorable à un abaissement du droit de vote, mais pas à 16 ans: "C'est un peu trop jeune. J'aurais mis ça à 17 ans. Ça correspond à l'âge auquel ils peuvent avoir le permis, je pense qu'il y a une meilleure maturité."
Vincent en a déjà parlé avec son fils et ce dernier valide "complètement" la mesure. "Mon fils est assez engagé, je suis assez surpris. Il a des idées bien précises, il sait pour qui il veut voter", raconte ce père de famille "super fier" de son fils.
Courtier en assurance, Dimitri, lui, n'est "pas d'accord avec ça" et trouve que cette mesure est "une hérésie". "Malgré tout le savoir qu'ils peuvent acquérir, c'est du délire. Chacun est en mesure de savoir qu'il faut avoir un libre-arbitre. On ne peut pas donner le droit de vote à 16 ans aujourd'hui", insiste-t-il dans les Grandes Gueules.
"Ils vont aller vers des choix démagos", craint-il.
L'exemple de l'Autriche, pionnière en la matière
Pour défendre leur idée, les 33 maires s'appuyent notamment sur l'exemple de l'Autriche, pays pionnier sur le sujet. Le droit de vote a été abaissé en 2007 pour l'ensemble des élections. "En Autriche, par exemple, le niveau d’intérêt politique des 16-17 ans est passé de 31 % en 2004 à 62 % en 2008 après l’abaissement de la majorité électorale", justifient les élus signataires.
Un rapport du Conseil de l'Europe, publié en 2015, notait "un impact positif sur la participation électorale". "Les électeurs adolescents autrichiens semblent avoir la maturité nécessaire pour participer et faire un véritable choix lorsqu’ils votent. En conclusion, l’exemple autrichien donne raison aux partisans de l’abaissement de la majorité électorale", est-il également écrit dans le rapport. Aujourd'hui, aucun parti politique ne remet en cause cette mesure, qui s'est ancrée dans le quotidien des Autrichiens.
Des chercheurs de l'université de Vienne s’accordent à dire que cela a permis de faire reculer l'abstention des jeunes. Mais il est nécessaire, selon eux, d'accompagner cet abaissement d'autres mesures, notamment pédagogiques, dans les écoles sur le fonctionnement de la politique et leur potentiel rôle dans ce dernier. L'Estonie, Malte, l'Écosse, le pays de Galles, la Suisse et certains Landers d'Allemagne autorisent également le vote à 16 ans.