Injures racistes et sexistes: la vice-présidente de l'Assemblée Nadège Abomangoli porte plainte

La vice-présidente de l'Assemblée nationale française, Nadege Abomangoli, regarde la séance de débat sur la première partie du projet de loi de finances 2025 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 21 octobre 2024. - Ludovic MARIN / AFP
Après avoir reçu un courrier aux propos "outrageants, ouvertement racistes et sexistes" selon elle, la vice-présidente de l'Assemblée nationale et députée LFI de Seine-Saint-Denis Nadège Abomangoli a porté plainte mercredi 30 juillet auprès du parquet de Paris, a annoncé à l'AFP son avocate, Chirinne Ardakani.
Une plainte déposée pour "outrage envers une personne investie de l'autorité publique, à défaut d'une mission de service public, alternativement, d'injure non publique à caractère raciste et sexiste", a détaillé dans un communiqué l'avocate.
"Le décolonialisme ne vous rend pas légitime"
Troisième vice-présidente de l'Assemblée depuis juillet 2024, Mme Abomangoli, âgée de 49 ans et née au Congo, refuse "de se laisser intimider" et dénonce avec cette plainte "la propagation de la haine raciste et sexiste".
"Dans le cadre de ses fonctions de vice-présidente de l'Assemblée nationale et de députée de la 10e circonscription de la Seine-Saint-Denis", elle a reçu le 11 juillet, à son bureau au Palais Bourbon, "une correspondance anonyme (...) comportant des propos outrageants, ouvertement racistes et sexistes", a développé Me Ardakani.
Selon le communiqué, il était notamment écrit: "Première femme noire vice-présidente j'en ai des frissons de malaise, le décolonialisme ne vous rend pas légitime", "Je suis un homme blanc, mon nom de famille Jourdain a beaucoup plus de mérite à votre poste que vous", "Une noire n'a rien à faire à ce poste" et "Partez. Vous n'avez pas votre place ici. Ni ailleurs".
Dénigrer et stigmatiser
Ces propos "dénient" à Mme Abomangoli "la légitimité à occuper, en tant que femme noire, une des plus hautes fonctions institutionnelles, en l'espèce, vice-présidente de l'Assemblée nationale, dans le cadre du mandat parlementaire qu'elle tire du suffrage des Français, au motif pris de sa couleur de peau et de son sexe" et portent "atteinte à sa dignité et au respect dû à ses fonctions", considère Me Ardakani.
Ces propos, "empreints de clichés xénophobes et misogynes" ont "incontestablement" pour objectif de dénigrer et de stigmatiser la vice-présidente de l'Assemblée "pour ce qu'elle est mais aussi pour ce qu'elle fait", ajoute l'avocate.
Me Ardakani rappelle que ce discours s'inscrit "dans un contexte plus large et réitéré", plusieurs députés "de toutes les sensibilités" ayant "fait l'objet de tels agissements ces derniers mois".
Depuis leur investiture, les députés insoumis Carlos Martens Bilongo et Aly Diouara sont régulièrement la cible d'insultes racistes et de menaces. Mardi, l'avocate d'Aly Diouara a annoncé dans un communiqué que sept personnes seront jugées devant le tribunal correctionnel de Paris le 10 décembre à la suite d'une plainte du député victime de cyberharcèlement après son élection.