L'UMP doit refuser tout accord avec le FN

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC. - -
Il était écrit qu’il y aurait un Roland Chassain – et qu’il surgirait dans le sud, là où les scores du FN font peser depuis 20 ans une pression lancinante sur la droite. Ce que dit cet élu (maire des Saintes-Maries-de-la-Mer), c’est qu’il est « plus proche du FN que du PS » et qu’en s’interdisant de « dialoguer » avec le FN, l’UMP se condamne à laisser la gauche détenir tous les pouvoirs. La question est de savoir si un tel appel peut avoir un autre effet que de renforcer le FN – d’évidence, non. Et la seule réponse qui soit à la fois digne et efficace, ce serait que les chefs de l’UMP réaffirment haut et fort qu’une compromission de ce type est inacceptable. Sinon la brèche va s’élargir.
L’UMP devrait-elle à nouveau appeler à la constitution d’un « front républicain » pour empêcher le FN d’avoir des élus ?
On ne peut pas réduire le débat à cette alternative – surtout dans les Bouches-du-Rhône, où le PS n’incarne pas toutes les valeurs républicaines non plus, en tout cas pas la probité. Le fait est que personne n’oblige M. Chassain à dire (surtout dans Minute !) qu’il préfère le FN au PS – pas plus que la maire d’Aix, Mme Joissains, n’était obligée de dire qu’elle partage les « valeurs » de M. Le Pen. La morale n’exige pas de choisir entre ses adversaires mais de défendre des convictions. Or la réalité politique, c’est que le FN est autant que le PS (parfois plus) l’adversaire résolu de l’UMP ; que son objectif proclamé est de faire battre les candidats de droite. Donc l’attitude de ces élus, qui traduit une forme de panique, est suicidaire : c’est tendre la main à celui qui tient le poignard…
Les dirigeants de l’UMP peuvent-ils encore se faire entendre des élus locaux, face à la poussée électorale du FN ?
Ce qui est sûr, c’est qu’il manque à l’UMP une ligne directrice. Cet épisode – qui en annonce d’autres – traduit un état de décomposition idéologique. En 2007, Nicolas Sarkozy avait su en même temps incarner les valeurs de l’ordre et la défense de l’identité nationale, se poser en rempart contre le FN et séduire l’électorat populaire. Cinq ans après, il a perdu sur ces trois tableaux – et sa remontée finale ne doit pas le faire oublier. C’est en affrontant le FN, en dénonçant l’intolérance et la démagogie dont ce parti est porteur que le candidat Sarkozy a fait gagner l’UMP. Et c’est en épousant une partie de ses thèses et de ses outrances que le président Sarkozy l’a fait perdre. Les prétendants à sa succession ne peuvent pas ne pas l’avoir compris. Ils ont le choix entre une ligne claire et un avenir sombre.
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