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La droite promise à un après-Sarkozy agité

La défaite de Nicolas Sarkozy ouvre une période agitée pour l'UMP, mais son score finalement honorable ainsi que la perspective des élections législatives, dans six semaines, pourraient limiter, au moins dans l'immédiat, les risques d'une implosion à laqu

La défaite de Nicolas Sarkozy ouvre une période agitée pour l'UMP, mais son score finalement honorable ainsi que la perspective des élections législatives, dans six semaines, pourraient limiter, au moins dans l'immédiat, les risques d'une implosion à laqu - -

Après la défaite de Nicolas Sarkozy, les ténors de l'UMP ont immédiatement appelé à l'unité avant les législatives de juin. Les premières critiques sur la droitisation de la campagne de Nicolas Sarkozy se font jour du côté des représentants de l'aile sociale du parti. Un éclatement de l'UMP est-il possible ?

La défaite de Nicolas Sarkozy ouvre une période agitée pour l'UMP, mais son score finalement honorable pourrait limiter, au moins dans l'immédiat, les risques d'une implosion à laquelle le Front national rêve ouvertement.
D'un côté, une guerre de succession se profile du fait du retrait du président sortant, avec en première ligne le secrétaire général, Jean-François Copé, le Premier ministre François Fillon et, comme arbitre possible, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé.
De l'autre, la tonalité très droitière de la campagne de Nicolas Sarkozy et les réserves qu'elle a suscitées en interne imposent une clarification idéologique qui pourrait alimenter des forces centrifuges, vers la droite ou le centre, selon le sens qu'elle prendra.

« Il y a un vrai risque d’éclatement »

Toute la difficulté sera de continuer à faire cohabiter une aile droite organisée autour de la Droite populaire, un collectif de 43 députés qui défend des positions sécuritaires dures et dont plusieurs sont en première ligne face au Front national, avec des anciens centristes qui revendiquent des valeurs humanistes. L'ancien ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a lancé dès dimanche soir un appel du pied à ces derniers.
Stéphane Rozès, président du cabinet de conseil CAP, prédit déjà, en fonction de celui qui reprendra les rênes de l'UMP, « un tiraillement très fort entre une Droite populaire espérant des accords avec le Front national et des centristes tentés de reconstituer l'ancienne UDF ». Pour cet analyste, seul le vétéran Alain Juppé a « la légitimité et l'assise pour éviter un éclatement de l'UMP » alors que Jean- François Copé, « parce qu'il regarde le coup d'après, a voulu s'inscrire dans le noyau dur de la droite » en accompagnant la droitisation de la campagne de Nicolas Sarkozy. Gaël Sliman, de l'institut BVA, juge de même qu'il y a « un vrai risque d'éclatement de la droite, qui a perdu cette élection présidentielle en n'étant plus tout à fait elle-même quant aux valeurs qu'elle a portées. Elle a fait monter le FN et suscité de très fortes divisions au sein de l'UMP ».

« Le centre de gravité de l'UMP sera recentré »

La stratégie de « droitisation » de Nicolas Sarkozy, sous l’impulsion de son conseiller politique Patrick Buisson, est déjà dénoncée par certains en interne. Pour David-Xavier Weiss, secrétaire national de l'UMP chargé de la presse, « les stratégies plus que droitières animées notamment par Patrick Buisson se sont avérées un échec total. Le centre de gravité de l'UMP sera recentré » a-t-il assuré dimanche soir. Même son de cloche du côté de Laurent Wauquiez, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, et représentant de l’aile sociale de l’UMP qui a regretté lundi sur RMC, que la droite ait « seulement parlé sécurité et immigration, et pas suffisamment parlé des classes moyennes ». « On ne pourra pas se contenter de demi-réponses. Il faudra une reconstruction en profondeur (de l’UMP). Mais le moment de cette analyse n'est pas encore venu. La priorité est maintenant aux législatives » a-t-il expliqué plus tôt.

Sauve qui peut général évité ?

Dans l'immédiat effectivement, la perspective des élections législatives, dans six semaines, devrait suffire à maintenir la cohésion du parti même si la question potentiellement dévastatrice d'alliances avec le FN pourrait se poser dans des triangulaires.
Ancien porte-parole adjoint de l'UMP, Dominique Paillé, qui a pris ses distances avec Nicolas Sarkozy en 2010 en lui reprochant de diviser plutôt que de rassembler les Français, juge que l'ampleur relativement limitée de sa défaite devrait se traduire par un « réflexe de cohésion » au sein de la formation, afin de « sauver les meubles aux législatives ».
« Avec une défaite plus forte, on assisterait à un sauve-qui-peut et des tentatives d'accords locaux avec le Front national, donc un éclatement », a-t-il dit à Reuters. De fait, les responsables de l'UMP qui se sont succédé dimanche soir sur les plateaux de télévision ont plaidé dans le même sens, à savoir une mobilisation générale pour éviter que la gauche, majoritaire au Sénat depuis l'automne dernier, ne contrôle tous les pouvoirs. « Ne pariez pas sur une guerre des chefs, vous perdrez », a assuré aux journalistes Xavier Bertrand. « Il faut se mobiliser » a demandé Jean-François Copé. « Nous avons un peu plus d'un mois pour faire campagne (pour les législatives) et c'est l'objectif maintenant, avec une famille rassemblée. Il faut être rassemblés pour la campagne législative » a-t-il répété. Pour conforter cette unité, Jean-François Copé a annoncé la constitution d'un comité de pilotage stratégique des législatives regroupant tous les poids lourds de l'UMP, y compris ses adversaires comme Xavier Bertrand et François Fillon. Ce lundi matin sur France 2, Xavier Bertrand a assuré que c'est un « collectif » qui conduirait la campagne des législatives pour l'UMP. Avec quel chef ? « François Fillon, Alain Juppé, Jean-François Copé, moi-même - je prendrai toute ma part - Jean-Pierre Raffarin, Michèle Alliot-Marie... Je pense aussi à des personnalités importantes (comme) Gérard Larcher, Bernard Accoyer » a répondu Xavier Bertrand.

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