La France, un pays plus guerrier que les autres? “C’est simple, rien ne nous rassemble plus que l’armée”

La France n’est et n’a jamais été un pays pacifique. Bien au contraire. Dans notre histoire, nous avons fait beaucoup la guerre. Et même avec beaucoup d’enthousiasme. En parlant de réarmement, de menaces et de soldats, Emmanuel Macron parle en fait au cœur de la France.
Nous sommes un pays plus guerrier que les autres: il n’y a pas de doute là-dessus. Et ça choquait déjà tout le monde à la fin du XVIIIe siècle. Les étrangers qui visitaient la France étaient stupéfaits de voir que, dans nos villages, les enfants se déguisaient en soldats avec des petits tambours et des épées de bois. Ce n'était pas du tout la norme en Europe. Cet état d’esprit se confirme au moment de la Révolution. En 1793, on appelle 300 000 citoyens sous les drapeaux pour défendre les frontières. C’est la levée en masse. Et c’était une première en Europe. La France invente un nouveau concept: être soldat, c’est plus seulement un métier, c’est un devoir.
Et les gens étaient enthousiastes. D’ailleurs, notre hymne national est un hymne très guerrier. Alors, il y a une nuance importante: on aime la guerre si elle est défensive, ou si elle est juste. Pour une bonne cause, où on a le rôle du gentil. Et au XIXe siècle, l’armée va devenir une valeur cardinale. Y compris pour la gauche. Faire son service militaire, c’était être un bon français. Léon Gambetta, un héros de la gauche, déclare même en 1871: “Que pour tout le monde, il soit entendu que quand en France un citoyen est né, il est né soldat”.
Et c’était un sentiment général et partagé?
L’enthousiasme pour la guerre, c’est plutôt dans les villes. Dans les campagnes, c’est plus mitigé. Les paysans sont tenus par leur travail aux champs, et forcément ça les contraint. Mais globalement, l’enthousiasme des Français pour la guerre ne se dément pas. En 1914, on part la fleur au fusil, même si on déchante ensuite. En 1939, le moral des troupes n’est pas mauvais non plus. On déchantera plus tard là aussi.
Et d’ailleurs, en 1945, qui est notre héros? Le général de Gaulle, c’est-à-dire un militaire de carrière. Prenez la liste des pays d’Europe de l’Ouest, il n’y en a pas un seul où le héros national est un soldat depuis 1945. Et je n’aurai pas l’insolence de vous parler de l’importance de Napoléon dans notre histoire.
Emmanuel Macron joue sur notre fibre national patriotique. D’ailleurs, quel est le symbole de la France? C’est le coq, ça veut dire quelque chose. On a besoin de montrer qu’on n’a peur de personne. Quelle est la première chose que fait un président qui vient d’être élu? Il descend les Champs Élysées dans une jeep encadré par des militaires à cheval. C’est simple, rien ne nous rassemble plus que l’armée, donc forcément, la guerre, ça nous parle.