La gauche veut un front républicain anti-FN, l'UMP refuse

La gauche, en position d'emporter une majorité absolue à l'Assemblée après le premier tour des législatives, s'oppose à la droite avec une stratégie de désistement réciproque dite de "front républicain" contre l'extrême droite, refusée par l'UMP. /Photo d - -
Le premier tour, marqué dimanche par une abstention record de 42,77%, a placé largement en tête le Parti socialiste et ses alliés, cinq semaines après l'élection de François Hollande à la présidence de la République. Le PS et ses alliés divers gauche et radicaux sont crédités de 34,4% des voix mais le total de la gauche avec les écologistes (5,46%), le Front de gauche (6,91%) et divers régionalistes et extrême-gauche s'élève à plus de 49% en incluant toutes les nuances, selon les derniers résultats publiés lundi par le ministère de 'Intérieur. L'UMP et divers partis satellites sont à 34,67%, le FN et des divers d'extrême droite sont à 13,79%.
36 députés élus dès le 1er tour
Trente-six députés sont élus dès le premier tour, dont 22 socialistes, parmi lesquels le Premier ministre Jean-Marc Ayrault à Nantes, selon l'Intérieur. Aucun ministre n'est en réelle difficulté au premier tour, ce qui écarte a priori l'hypothèse d'un remaniement forcé, puisqu'a été édictée la règle que tout battu devrait partir. "Tous les ministres sont en situation de l'emporter", a confirmé le n°2 du PS Harlem Désir sur i>télé. L'ex-ministre de l'Intérieur, l'UMP Brice Hortefeux, a ironisé lundi sur RTL sur le succès de la gauche, selon lui limité à une "vaguelette". La porte-parole PS du gouvernement Naja Vallaud-Belkacem a répliqué en estimant que le faible score de l'UMP constituait une "marée basse bleue". Les projections des instituts de sondage semblent promettre une majorité absolue à la gauche - qui se situe à 289 sièges - sans que le PS soit certain de l'obtenir seul.
Le FN peut se maintenir dans environ 60 circonscriptions
Avec 13,60% des voix, le Front national peut se maintenir dans une soixantaine de circonscriptions, moins qu'attendu mais suffisamment pour qu'un débat s'amorce. L'UMP devait réunir son instance dirigeante dans la journée mais le patron de l'UMP Jean-François Copé a déjà laissé entendre qu'il était très probable que son parti refuse le "Front républicain", c'est-à-dire un vote PS contre le FN. "C'est quand même extravagant qu'il y ait à ce sujet ce procès d'intention tellement parisien, alors que personne ne demande rien au PS qui s'allie avec Jean-Luc Mélenchon, qui explique que Fidel Castro n'est pas un dictateur", a-t-il dit sur Europe 1. La patronne du PS Martine Aubry a répété sur France Inter que son parti maintenait cette position devenue traditionnelle depuis son appel à voter pour Jacques Chirac au second tour de la présidentielle de 2002 qui l'opposait à Jean-Marie Le Pen. "Nous n'avons pas besoin de réunir le comité politique comme le fait aujourd'hui l'UMP pour prendre une position qui a été toujours la nôtre, le désistement républicain. Nous appelons à faire battre le FN", a-t-elle dit.
La "liste noire" du FN
Le Front national a laissé entendre avant le premier tour qu'il avait une "liste noire" de personnalités de droite et de gauche qu'il souhaitait faire battre. Le FN n'a pas exclu des arrangements au cas par cas avec l'UMP sans le formuler explicitement. Le FN espère faire son retour à l'Assemblée après quasiment 26 ans d'absence, en premier lieu sur la 11e circonscription du Pas-de-Calais, où Marine Le Pen est arrivée en tête devant le candidat socialiste avec 42% des voix, éliminant le candidat du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon. Il y aussi le Gard, où l'avocat Gilbert Collard affrontera la candidate socialiste en position intéressante, la Moselle et le Vaucluse, où deux de ses figures, Florian Philippot et Marion Maréchal-Le Pen, petite-fille de Jean-Marie Le Pen, obtiennent de gros scores et l'Oise, ainsi que l'Aisne, l'Hérault et les Pyrénées-Orientales.
Royal en position difficile, Bayrou très menacé
L'attention se porte aussi pour le second tour sur le cas de l'ex-candidat centriste à la présidentielle François Bayrou, très menacé si la triangulaire permise par les scores du premier tour dans sa circonscription des Pyrénées-Atlantiques est confirmée. Le PS exclut de retirer sa candidate arrivée en tête, a dit Martine Aubry. Jean-François Copé a laissé entendre aussi que l'UMP maintiendrait son candidat contre lui. Martine Aubry et plusieurs dirigeants du PS ont par ailleurs appelé le dissident PS Olivier Falorni à se retirer du second tour qui l'opposerait à Ségolène Royal - qui brigue la présidence de l'Assemblée - à La Rochelle. Olivier Falorni a dit dans plusieurs médias qu'il refusait car selon lui laisser une candidature unique relève d'un régime "à la Napoléon III". L'UMP ne se prononcera pas car c'est une "affaire interne au PS", a dit Jean-François Copé.