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La repentance au menu de la campagne UMP

Christophe Jakubyszyn.

Christophe Jakubyszyn. - -

Changement de cap dans la campagne de l’UMP : la repentance. On n’a pas toujours eu raison mais on fera mieux la prochaine fois. C’est le mot d’ordre à l’UMP…

Imperceptiblement, l’UMP réalise qu’il sera difficile de s’appuyer sur le bilan du gouvernement. La perte du triple A vendredi a en quelque sorte servi d’électrochoc. La majorité ne pourra pas faire campagne en disant que les autres auraient moins bien fait. Il faut reconnaître certaines erreurs.

Et ça a commencé hier avec le ministre de l’agriculture, Bruno Le Maire, dans une interview à Libération. Il a proposé de « reconnaître » qu'à côté de « vraies réussites » il y a eu « des échecs » au cours du quinquennat et qu'à son début, «on aurait pu faire des choix différents ».

On imagine qu’il parle des premiers mois du gouvernement avec notamment le vote du paquet fiscal.

Oui sans doute, le gouvernement a fait trop de cadeaux fiscaux, en donnant en plus l’impression de favoriser les plus aisés. Pendant que la fourmi allemande faisait des économies, se préparait pour la crise, la cigale française insouciante dépensait. Du coup, cinq ans plus tard, la cigale est dégradée, quand la fourmi est confortée.

Mais le plus étonnant c’est que Bruno Le Maire n’est pas le seul. Brice Hortefeux, conseiller politique du président, l’a dit lui aussi hier lors d’une rencontre avec la presse parlementaire : « Nous avons perdu le combat sur le bouclier fiscal », « Le 'bouclier fiscal' » a été un échec en terme de communication », a-t-il ajouté.

Derrière les regrets et l’autocritique, certains soulignent aussi la nécessité d’aller encore plus loin dans les réformes.

Oui, mais attention. Ce qui est intéressant c’est qu’on commence à relever une différence entre le président et les leaders de la majorité. On a parlé de Bruno Le Maire. On aurait pu aussi parler de Jean-François Copé qui pense que la France ne s’est pas assez modernisée pendant le quinquennat ; qu’il faut aller plus loin pour rendre le pays plus compétitif, baisser le coût du travail, le rendre plus flexible, revoir le financement de la protection sociale. Bref moderniser le pays dans un sens plus libéral.

On a entendu Luc Chatel parler des acquis sociaux qui ont coûté si cher au pays. On a entendu Villepin proposer de travailler 37 heures pendant cinq ans. Mais on pourrait aussi parler de François Fillon qu’on entend de moins en moins, qui se replie sur Paris où il sera candidat à la députation en 2012. François Fillon qui fait savoir en coulisses que si Nicolas Sarkozy l’avait écouté… on en serait pas là… Tout à l’heure à 13 heures le premier ministre recevra les parlementaires de la majorité. Il devrait notamment leur faire passer quelques messages pour l’après 2012.

Vous voulez dire que les principaux dirigeants de l’UMP prennent leur distance avec le président ?

Non, ça serait exagéré. Mais ce qui est sûr c’est que Jean-François Copé et François Fillon commencent doucement à faire entendre leur petite musique, à se montrer critique sur le quinquennat. Bref à préparer l’après 2012. Non pas qu’ils soient sûrs de la défaite du président sortant, mais on ne sait jamais… Il faut préparer la relève au cas où. Dans les coulisses, la guerre Copé-Fillon a repris de plus belle. Attention au réveil du lion de l’Elysée !

Pour écouter la chronique de Christophe Jakubyszyn, "Les coulisses de la politique" de ce lundi 16 janvier à 7h20, cliquez ici.

Christophe Jakubyszyn