La surprise de 2012, c'est qu'il n'y en a pas !

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC. - -
D'abord, l'autre fait marquant de mardi, c'était l'annonce de Marine Le Pen, qui a donc recueilli ses 500 signatures, ce qui a un double mérite : ça clarifie le jeu, parce qu'il n'aurait pas été normal qu'elle ne puisse pas concourir ; et surtout, ça permet de sortir de cette hypocrisie générale où tout le monde faisait semblant de s'apitoyer sur le sort d'un parti qui, d'ordinaire, fait plutôt l'unanimité contre lui, au nom des valeurs républicaines. Qu'il y ait eu une vraie incertitude ou un faux suspense, ce qui est sûr, c'est que c'est le contraire d'une surprise. En tout cas, maintenant, Marine Le Pen va devoir se consacrer à la défense de son programme. Il lui reste peu de temps - ça l'arrange. Mais assez pour que ce soit une épreuve. Elle est quand même plus à l'aise pour agiter la peur de l'immigration que pour expliquer son scénario de sortie de l'euro - même la plupart des électeurs du FN n'y croient pas !
Et ce chassé-croisé de sondages entre François Hollande et Nicolas Sarkozy, ce n’est pas surprenant ?
C'est déroutant mais pas inédit. Les instituts ne disent pas toujours la même chose au même moment. Ce que disent en tout cas la plupart d'entre eux, c'est que Nicolas Sarkozy est plutôt en progression - pas spectaculaire mais régulière ; François Hollande en stagnation, voire en recul. Et surtout que c'est entre eux deux que l'élection va se jouer. Là encore, c'est le plus probable qui est en train d'arriver. Les commentateurs que nous sommes ont tendance à voir les soubresauts de la campagne plus gros qu'ils ne sont - il y a des effets de loupe, et parfois des loupés. Quand on a supposé, il y a deux mois, que l'élection pouvait se jouer entre quatre candidats et non pas entre les deux favoris habituels, on n'avait pas forcément tort sur l'instant. Aujourd'hui, ce n'est plus d'actualité.
Est-ce que François Bayrou peut être le troisième homme de l'élection, comme en 2007 ?
Pour le coup, ce serait une surprise. Il a loupé sa campagne parce qu'il n'a pas réussi à convaincre qu'il serait réellement capable de gouverner. Il a confondu le culte de l'homme providentiel avec la culture présidentielle. Les Français ont de l'estime pour lui - notamment parce qu'il a vu juste avant les autres sur la dette et les déficits - mais visiblement, ils ne croient pas qu'il ait des solutions. Et vu ce qu'il présente dans son projet, on ne peut pas leur donner tort. Donc vraisemblablement, le troisième homme sera une femme - Marine Le Pen. Et ça n'aura rien de surprenant. En revanche, c'est le cinquième homme qui aura crevé l'écran : Jean-Luc Mélenchon. Il faut quand même dire qu'il le doit plus à son talent personnel qu'à la force des réseaux du PC.
Avec la campagne officielle, on va beaucoup plus voir les "petits" candidats. Il n’y aura rien d'inattendu non plus de ce côté-là ?
Rien du tout. Nous aurons la confirmation qu'il y a en fait deux campagnes. Une pour les grands candidats - ceux des principaux courants politiques sous la Ve République. Et une pour les autres, une sorte de campagne de témoignage à la proportionnelle, qui fait partie du décor mais qui n'a pas beaucoup d'influence sur le résultat final. Ce qu'on constate, c'est que les Verts, malgré ce qu'on aurait pu croire, n'arrivent pas à sortir de ce deuxième cercle. Et ce qu'on va bientôt vérifier, c'est que Dominique de Villepin, lui, préfèrera se retirer plutôt que d'y entrer.
Ecoutez ci-dessous le podcast intégral du Parti pris d'Hervé Gattegno, ce mercredi 14 mars :