La vraie primaire, c'est Valls-Montebourg !

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, tous les matins à 8h25 sur RMC. - -
Ce week-end, j’ai suivi les débats à distance – enfin, c’est une façon de parler puisque jusqu’ici, les candidats ne débattent pas ensemble ; ils présentent séparément leurs projets. Donc, je les ai observés de loin mais écoutés de près. Eh bien ce qui m’a frappé, c’est à quel point les deux favoris – Hollande et Aubry – étaient ennuyeux, prudents, et surtout à quel point leurs discours se ressemblent, se confondent parfois. Et par contraste, la vitalité, la sincérité, l’originalité, c’est chez Manuel Valls et Arnaud Montebourg qu’on la trouve.
Est-ce que ce n'est pas leur statut de candidats marginaux qui les rend plus attractifs, parce qu'ils peuvent prendre plus de risques ?
Pas seulement. C’est à cause des sondages que Montebourg et Valls sont jugés « marginaux ». Or les sondages ne donnent qu’une indication incertaine parce qu’on ne sait pas qui va voter dans cette primaire. J’ajoute que Ségolène Royal aussi est très loin dans les sondages mais tout le monde fait semblant de croire qu’elle est un outsider. Donc c’est bien entre Hollande et Aubry que va se jouer la primaire, mais c’est en écoutant Montebourg et Valls qu’on discerne la vraie ligne de partage qui existe au sein du PS. Entre une gauche de Calles, social-démocrate décomplexée sur les sujets de la sécurité et de l’éducation et une gauche dirigiste, qui voit la mondialisation comme une menace et qui cherche des moyens pour rassurer (Montebourg). C’est le vrai grand débat de la gauche dans les démocraties modernes. Mais ce n’est pas celui que le PS français a décidé d’avoir.
L'hebdomadaire britannique « The Economist » voit en Manuel Valls le seul candidat sérieux alors qu'il compare tous les autres à des « dinosaures »
Mais non parce que les dinosaures, eux, ils ont disparu ! Alors que les éléphants, eux, sont toujours là. C’est bien le problème : la prime à l’expérience, c’est assez logique. Mais l’expérience du pouvoir de F. Hollande, de M. Aubry et de S. Royal est assez limitée et pour les campagnes électorales, c’est surtout l’expérience de la défaite… Sur le fond, le drame de cette primaire c’est que les effets de la crise et l’habileté de Nicolas Sarkozy poussent les socialistes à vouloir avant tout se montrer sérieux et gestionnaires. Résultat : on ne parle (presque) que de l’économie mais on fait campagne… à l’économie. On dirait plus le concours d’entrée d’une école d’expert-comptable que le tour préliminaire d’une élection présidentielle !
S'ils ne sont qu'outsiders aujourd'hui, est-ce que Valls et Montebourg seront favoris en 2017 ?
C’est toujours hasardeux de regarder si loin à l’avance, mais on peut l’imaginer. A cause de l’âge, mais aussi parce qu’ils ont tous les deux des convictions, du panache et de la sincérité – ce dont le PS a tendance à manquer. Ce sont un peu les héritiers l’un de de Michel Rocard et l’autre de Jean-Pierre Chevènement. Ce qui veut dire qu’ils auront toujours plus d’idées que les héritiers de Mitterrand. Et peut-être aussi qu’ils se feront toujours battre par eux.
Ecoutez ci-dessous "Parti pris" de ce lundi 29 Août 2011 avec Hervé Gattégno et Jean-Jacques Bourdin :