Lecornu à Matignon: pour Macron, "une dissolution rime avec soit une cohabition, soit une démission"

De nouveau sous la menace d’une censure, Sébastien Lecornu s’attelle à former son nouveau gouvernement dans un délai ultra-court. Alors qu'Emmanuel Macron a renommé son Premier ministre croyant de nouveau à un chemin possible avec le fameux "socle commun", deux figures de la droite, Bruno Retailleau et Gérard Larcher, ont d’ores et déjà fermé la porte à toute participation des Républicains au futur gouvernement.
Un choix qui semble logique au regard de la position du chef de l'État, analyse ce samedi sur RMC le constitutionnaliste Benjamin Morel. "ll s’agit de garder la main, de contrôler les concessions, de les limiter." Mais un "choix difficilement compréhensible" pour l'opinion, concède le politologue.
"On se dirige vers la dissolution comme des zombies"
"Il aurait pu dissoudre, mais la dissolution aurait été fondamentalement dangereuse pour Macron", poursuit l'universitaire. Selon les scénarios, elle pourrait se solder soit par une majorité absolue pour le RN, soit par encore moins de majorité qu’aujourd’hui", développe Benjamin Morel. Avec le risque d'une plus grande ingouvernabilité, qui pourraient sceller le sort du président de la République. La "dissolution rime soit avec une cohabitation, soit une démission. Un luxe dont aimerait bien se passer Macron."
Si Sébastien Lecornu et Emmanuel Macron s'appuient sur une "majorité absolue" qui ne veut pas d'une nouvelle dissolution, arguement utilisé pour exclure LFI et le RN de la réunion à l'Elysée vendredi, cette "dissuasion" ne risque plus de peser dans la balance, selon Benjamin Morel.
"Les partis sont désormais prêts : affiches imprimées, députés déjà en campagne. On marche vers la dissolution comme des zombies : au fur et à mesure du temps, la menace plane, et tout le monde s’y résigne. Même si c’est coûteux, on se prépare déjà à la campagne. Et cette dissuasion risque bientôt de ne plus fonctionner", développe-t-il.
Une censure d'ici "jeudi à vendredi"?
Cette dissolution n'interviendrait - en toute logique - qu'en cas de censure du gouvernement Lecornu II. A moins "qu'on puisse imaginer un Lecornu III", soulève le politologue. La chute du nouveau gouvernement pourrait, en tout cas, intervenir dès jeudi ou vendredi. Si le PS a confirmé un appel du président à Olivier Faure vendredi soir, le parti à la rose a démenti tout "deal" de non-censure, attendant le discours de politique générale mardi et des engagements clairs, notamment sur la réforme des retraites.
Au micro de RMC ce samedi, le député PS du Calvados Arthur Delaporte a réclamé des "engagements " et "non pas un débat ouvert". Auquel cas, le sort de Sébastien Lecornu sera le même que François Bayrou et Michel Barnier, prévient-il.
Les autres formations, PCF, Les Ecologistes, LFI et le RN ont déjà promis la censure au prochain gouvernement. "Il suffit de 23 députés socialistes pour que le gouvernement tombe", rappelle Benjamin Morel, qui estime qu'il faudra donc faire "un gros cadeau" aux socialistes. "Il ne faut pas leur servir un plat de lentilles", prévient-il, évoquant la pression de la base socialiste, sur le terrain, et les enjeux des municipales à venir, en mars prochain.
Surtout, selon les dernières enquêtes, une dissolution pourrait être bénéfique au PS, en nombre de sièges, et lui permettre de devancer LFI. Sauf que Benjamin Morel pointe ce qu'il semble, selon lui, les "intérêts électoraux" de certains éléphants dont "Boris Vallaud ou Philippe Brun", qui pourraient se retrouver en difficulté dans leur circonscription. "L'intérêt générla du parti plaiderait pour une dissolution," croit-il savoir.