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Législatives à Forbach: "Les gens votent FN alors que tout le monde va faire ses courses en Allemagne"

A Forbach, dans la 6e circonscription de Moselle, l'euro est un vrai sujet de campagne. Florian Philippot, vice-président du FN défend bec et ongles sa ligne anti-européenne à l'inverse de ses concurrents. Il faut dire que dans cette circonscription frontalière, des milliers de Français vont tous les jours travailler en Allemagne.

Dans la 6e circonscription de Moselle, à la frontière avec l'Allemagne, l'Europe est un vrai sujet de campagne. Sur le pont/frontière de la Petite Rosselle au nord de Forbach, d'un côté la France, de l'autre l'Allemagne. Et au milieu Christophe Arend, candidat La République En Marche. Face au discours anti-européen de son adversaire frontiste, Florian Philippot, ce dentiste natif du coin joue à fond la carte de l'Europe. Et certains électeurs sont bien d'accord avec lui: "Ce que je ne comprends pas, c'est que les gens votent FN alors que tout le monde va faire ses courses en Allemagne! Et puis passer au franc, c'est du délire".

Sortir de l'euro, une menace pour ce territoire selon Christophe Arend: "vous avez les Français qui vont faire leurs courses dans les magasins d'alimentation là-bas et les Allemands qui repassent de l'autre côté vers la boulangerie. Imaginez qu'on mette une monnaie qui soit dévaluée de 40% pour les Français, ils vont perdre 40% de pouvoir d'achat".

"Ca marchait très bien avec le mark et le franc!"

Quelques mètres plus loin pourtant, à la boulangerie Huck, le débat s'installe avec Marie-France, la patronne, sur le sujet: "Ça marchait très bien quand il y avait le mark et le franc, ça ne changeait pas", estime-t-elle.

"On achetait nettement moins en Allemagne parce que le taux de change était 3 francs pour un mark. Si on sort de l'euro, on va repasser à une monnaie de ce type là sans que nos salaires augmentent", argumente Christophe Arend.

A une dizaine de kilomètres de là, sur le marché de Forbach, Florian Philippot, fervent défenseur d'une sortie de l'euro, fait la démonstration inverse: "Au contraire, ça ferait venir énormément d'activités ici puisqu'on aurait une monnaie moins forte. Donc, tous les Allemands débarqueraient pour acheter des produits beaucoup plus facilement".

"Les gens sont attachés à l'Union européenne"

Florian Philippot paraît bien seul sur cette ligne. Dans cette circonscription frontalière, même le candidat France Insoumise, Jonathan Outomuro, se garde bien de tenir un discours trop anti-européen: "Les gens sont attachés à l'Union européenne. Mais ils reconnaissent qu'aujourd'hui, il y a des problèmes au niveau de l'Union européenne, notamment par rapport aux travailleurs détachés, à l'harmonisation fiscale et sociale, tout le monde le reconnaît. Nous, c'est dans ce sens-là que l'on veut aller".

Dans un village voisin, à Nousseviller, le candidat Les Républicains, Pierre Lang, va même encore plus loin, pour plus de coopération: "Au contraire, mon programme sera de créer une métropole transfrontalière avec Sarrebruck et mettre en commun un certain nombre de nos équipements. Par exemple, à Sarrebruck, ils ont des hôpitaux performants. Il faut vraiment développer cette coopération".

Plus ou moins d'Europe, voilà donc le débat que vont devoir trancher les électeurs de cette circonscription. En 2012, Florian Philippot avait obtenu plus de 46% des voix au second tour des législatives.

P.B. avec J-B. Durand et Marie Monier