Législatives, prix de l'électricité… Ce qu'il faut retenir de l'interview de Bruno Le Maire

Le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, était l'invité du Face à face sur BFMTV-RMC ce mardi 11 juin 2024, dans un contexte politique tendu. Il était interrogé deux jours après les mauvais résultats du camp de l'exécutif aux élections européennes puis l'annonce, dans la foulée, de la dissolution de l'Assemblée nationale et de la tenue prochaine d'élections législatives anticipées (30 juin et 7 juillet prochains) par le président de la République Emmanuel Macron.
Probablement pas candidat
Bruno Le Maire s'exprimera "ce soir", à l'occasion d'un déplacement dans l'Eure, sur sa décision d'être candidat aux législatives ou non. "Je réserverai l'annonce aux habitants de mon ancienne circonscription" qui sauront "en premier, car ils me connaissent", a-t-il indiqué.
Comprendre qu'il ne devrait ainsi pas se représenter. "Quand je dis qu'il faut limiter le nombre de mandats de député à trois, je tiens parole", a expliqué celui qui a déjà été élu député de l'Eure trois fois. "Je n'ai pas de point de chute, pas de parachute" dans la haute fonction publique, a-t-il aussi assuré. "Il peut y avoir des jeunes générations qui peuvent reprendre le flambeau."
"Tous les français prennent des risques (...). Des politiques qui ne tiennent pas parole demandent aux Français de prendre risques mais n'en prennent pas pour eux."
Les oppositions attaquées
Le ministre de l'Economie et des Finances a ensuite dénoncé "le spectacle pathétique que donnent les oppositions". "Il y en a qui doivent avoir du mal à dormir", a taclé Bruno Le Maire, après l'annonce par les partis de gauche d'un accord dans un "nouveau front populaire" pour présenter un candidat unique dans chaque circonscription lors des législatives et alors que le Rassemblement national cherche aussi à rassembler. "Si les valeurs n'existent pas en politique alors tout est permis", a jugé le ministre.
"On peut avoir des élus qui défendent le Hamas qui s'allient avec des gens du PS soit disant attachés aux valeurs d'Israël", a-t-il développé, soulignant que "certains décrivent le Hamas comme un mouvement de résistance" alors que "c'est un mouvement terroriste".
Le ministre de l'Économie s'est ensuite attaqué aux Républicains (LR), dont le président Éric Ciotti a déjà annoncé son refus de toute "coalition" avec le camp présidentiel. Alors que le président du RN, Jordan Bardella, a évoqué lundi des "discussions avec des cadres LR", tout en leur tendant la main, Bruno Le Maire s'est adressé à son ancienne famille politique "gaulliste", dans laquelle se trouvent "des femmes et des hommes" qu'il respecte: "Est-ce que vous pouvez dire avec la même clarté que votre parti ne fera jamais d'accord avec le Rassemblement national? Comme l'ont toujours défendu Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy?"
"Est-ce que vous allez renier vos vies? Vos valeurs?" a demandé Bruno Le Maire aux LR.
Appel à "un moment de clarté", après des erreurs
Bruno Le Maire a appelé à un "moment de clarté". "Affirmons sans faille l'unité du bloc majoritaire, affirmons l'unité de notre famille politique." "Il faut défendre les valeurs les plus profondes qui fondent un engagement et une vie politique", a-t-il encore estimé. "Il n'y a que notre majorité qui fait preuve de clarté sur son projet et sur ses valeurs", a affirmé le ministre, fustigeant "l'extrême droite et l'extrême gauche". "Ce projet, c'est la sécurité et l'autorité", a-t-il précisé.
"Je ne vis pas enfermé à Bercy, je circule en France, j'entends les critiques, les interrogations", a déclaré le ministre de l'Economie, qui a admis qu'il "faut faire preuve d'humilité" après les résultats des élections européennes. "Si l'on avait tout fait bien, on n'aurait pas eu ces résultats", a-t-il reconnu.
Des "mesures fortes" sur la délinquance des mineurs
"Je ne supporte plus que l'autorité soit remise en cause", a déclaré le ministre, qui a également plaidé pour "des mesures" contre la délinquance des mineurs. "Je souhaite que nous puissions prendre des mesures très forte", a-t-il dit, en s'interrogeant: "Est-ce qu'il ne faut pas changer notre politique pénale?" Cela peut-être le "moment de décider une nouvelle politique pénale pour les mineurs" et "durcir" les sanctions, a-t-il poursuivi. "Nous devons porter l'autorité par le travail."
Des mesures sur le pouvoir d'achat
Et à ce propos, le ministre a tenté de défendre son bilan. "On a créé 2 millions d'emplois, on a rouvert des usines, (...) on a fait des choses, l'exonération des charges sur les heures supplémentaires, la gauche veut la supprimer", a déclaré Bruno Le Maire, en affirmant que les oppositions de touts bords retireraient du pouvoir d'achat aux Français. "Est-ce qu'il faut aller plus loin? Oui."
En poste depuis sept ans à Bercy, il a dit souhaiter "qu'il y ait de nouvelles mesures pour le pouvoir d'achat qui soient annoncées par le président de la République et par notre majorité dans les jours qui viennent". "Il faut alléger les charges des petits salaires."
Une baisse de la facture d'électricité en 2025
La facture d'électricité baissera de 10 à 15% en février 2025, a affirmé Bruno Le Maire. "C'est l'engagement que je prends ce matin." Il a assuré que cette baisse se fera grâce aux centrales nucléaires. "Nous, on croit au nucléaire, contrairement à Marine Le Pen qui change d'avis" en permanence, a-t-il taclé.
Le RN et ses membres "sont en train d'exposer tout le pouvoir d'achat des Français sans apporter de solutions", et ont "dit qu'ils ne croyaient pas dans les énergies renouvelables", a souligné Bruno Le Maire. "Que chacun nous explique comment ils vont faire" pour faire baisser les factures énergétiques. "Nous, on apporte des solutions, on rouvre des centrales."
"Parce que nous avons relancé le nucléaire. (...) Parce qu'on a investi sur les renouvelables. Parce que nous, nous croyons à l'indépendance de la France et à son indépendance énergétique, contrairement au Rassemblement national qui nous met pieds et poings liés dans les mains des pays du Golfe et de la Russie", a-t-il ajouté.
Bruno Le Maire a aussi rappelé que "financer l'entretien des réseaux de gaz" avait un coût.
"Le Rassemblement national (va) laisser les Français aux mains des producteurs de gaz et de pétrole avec le risque (...) que le prix du gaz demain et le prix du pétrole explosent, soit parce que leur ami Vladimir Poutine a attaqué l'Ukraine, soit parce qu'il y aura une demande forte en pétrole", a-t-il poursuivi.
"Favorable" à la réforme de l'assurance chômage
Sur l'assurance chômage, le ministre s'est dit "favorable à une réforme maintenant". "Je défends cette réforme: réduire la durée d'indemnisation du chômage est la meilleure solution pour que chacun reprenne vite un emploi", selon lui.
"Il faut bien payer les retraites, les situations de dépendance."
"A partir du moment où on a moins de gens qui travaillent et une population qui vieillit, il est responsable et raisonnable de réformer les retraites", a répondu le ministre, interrogé sur la très impopulaire réforme. "Qui va payer la facture?" a-t-il aussi demandé à propos des programmes de la gauche et de l'extrême droite. Le ministre a qualifié le programme de Marine Le Pen de "marxiste". "Si ce programme passe on ferme nos usines."
"Les paroles d'estrade très bien mais la réalité économique c'est autre chose", a encore lancé le ministre, qui a ajouté qu'"être responsable, c'est expliquer les choses le plus clairement mais aussi le plus gravement possible".
Le risque "d'une crise de régime"
"Nous courons le risque d'une crise de régime" si aucune majorité "claire" ne se dégage des législatives, a estimé Bruno Le Maire. "Aux élections du 30 juin et du 7 juillet prochains, ce qui se joue, c'est l'avenir de la Nation française." Pour le ministre, il s'agit de "l'élection la plus grave depuis 1958".
Bruno Le Maire a enfin assuré qu'il faut "réaffirmer la culture française", et notamment faire en sorte que "la loi de la République soit au-dessus" de tout le reste, "ce qui n'est pas le cas partout sur le territoire".