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Législatives: "C'est trop tard", la lettre d'Emmanuel Macron destinée aux Français ne convainc pas

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Dans une lettre, Emmanuel Macron s'adresse aux Français à quelques jours du premier tour des élections législatives (30 juin). Il s'y explique et promet des changements, mais sa main tendue ne trouve pas vraiment de réponse du côté des électeurs.

Alors que les adversaires d'Emmanuel Macron, comme Marine Le Pen, ont estimé qu'il devait démissionner en cas de défaite de son camp aux élections législatives, le président de la République a pris la parole dans une lettre adressée aux Français et publiée le 23 juin.

Dans sa missive, le chef de l'Etat s'explique d'abord sur sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale. "Je sais que cela suscite de l'inquiètude, et même une colère contre moi", concède-t-il. "Mais cette décision est la seule qui peut permettre à notre pays d'avancer et de se réunir", écrit le président, évoquant une décision prise "avec beaucoup de gravité".

Emmanuel Macron revient en outre sur les élections législatives "pas un vote de confiance envers le président, mais celle d'une question: qui pour gouverner la France?".

Il nomme alors ses adversaires comme "l'extrême droite autour du Rassemblement national" et "La France insoumise et ses alliés", le tout face à un bloc central, "cette troisième voie" qui "est la meilleure pour notre pays".

Les électeurs sceptiques et déçus

Dans sa lettre, Emmanuel Macron fait surtout la promesse d'un changement profond dans sa façon de gouverner, assurant voir l'existence d'un "malaise démocratique".

Une prise de parole qui laisse les électeurs dans une vague de septicisme, après sept ans de mandat. "Je pense que c'est fini. C'était époque-là est passée, je crois. Le temps des promesses pour lui... On n'en est plus là le concernant", confie l'un d'eux au micro de RMC.

A l'argument que la troisième voie est la seule capable de "faire barrage aux extrêmes", Paula n'y croit pas. "Il a eu beaucoup d'années pour comprendre ce que voulaient les Français et aujourd'hui il faut changer, c'est le moment...", indique-t-elle.

Chez ses propres supporters, le président peine aussi à convaincre. "C'est trop tard", assure l'un d'eux. Lisa est quant à elle déçue.

"Franchement, je n'ai plus d'espoir. Il y a eu trop de déceptions par rapport aux retraites. Honnêtement, je ne suis plus en accord", a-t-elle déclaré.

"Ne vous résignez pas, votez"

Emmanuel Macron a aussi promis "d'agir jusqu'en mai 2027" dans sa missive, même si son camp se retrouve dans une posture délicate, balayant au passage toute démission éventuelle en cas d'échec au scrutin. Il s'adresse d'ailleurs aux abstentionnistes et les pousse à ne pas avoir "peur". "Ne vous résignez pas. Votez", écrit le chef de l'Etat.

Pour le politologue Bruno Cautrès, Emmanuel Macron tente ici de rester visible par tous les moyens pour peser sur ces élections législatives.

"On voit un chef de l'Etat qui ne renonce pas à être le centre de gravité de son centre politique, voire à être le centre de gravité de la politique française", analyse-t-il.

Sébastien Krebs, Alfred Aurenche, avec Mélanie Hennebique