Législatives: pour Édouard Philippe, "Kylian Mbappé a le droit de s'exprimer, il ne fait pas le job pour nous"

Kylian Mbappé, support du camp présidentiel? "Il a le droit de s’exprimer, il ne fait pas le job pour nous!" s'est emporté le président du parti Horizons Édouard Philippe, interrogé à ce sujet dans Face à Face sur RMC-BFMTV ce lundi 17 juin 2024. Tout en précisant: "Je suis d’accord avec lui". L'ancien Premier ministre, allié de Renaissance (ex-La République en marche), appelle aussi à s'opposer au RN et à LFI. "Les artistes et les sportifs ont le droit de s'exprimer", a-t-il ajouté.
Dimanche soir, au cours d'une conférence de presse, le capitaine de l'équipe de France de football a appelé à voter "contre les extrêmes". La veille de l'entrée en lice de son équipe à l'Euro et à deux semaines des élections législatives, l'attaquant a appelé les jeunes à aller aux urnes, évoquant une urgence pour le pays. "J'ai envie d'être fier de porter ce maillot le 7 juillet", a lâché Kylian Mbappé, en référence à la date du second tour.
Le n°10 des Bleus a ainsi emboîté le pas à certains de ses coéquipiers, qui se sont également exprimés sur la situation politique du pays, notamment son compère Ousmane Dembélé, mais aussi Olivier Giroud et Marcus Thuram. Mais sa prise de position a divisé, entre ceux qui saluent l'acte d'un citoyen et ceux qui n'attendent de lui que son implication sur le terrain, ou encore ceux lui reprochant sa proximité avec le président de la République. Emmanuel Macron avait lui aussi renvoyé le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire dos à dos en dénonçant "les extrêmes".
"Dans son rôle" pour le gouvernement, le RN "pas concerné"
De son côté, Gabriel Attal estime que Kylian Mbappé est "dans son rôle" en appelant à voter. "Je crois profondément que les jeunes qui parlent aux jeunes, qui sont des modèles pour eux, sont dans leur rôle quand ils appellent à accomplir un devoir civique qui est celui du vote", a réagi l'actuel Premier ministre sur RTL ce lundi.
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Le député sortant et porte-parole du RN Laurent Jacobelli a, lui, affirmé sur franceinfo ce lundi ne pas se "sentir concerné", ni lui ni son parti, "par le mot extrême".
"Choisir le candidat le plus républicain et le plus démocrate"
"L'objectif est de créer une majorité parlementaire", a par ailleurs affirmé Édouard Philippe sur RMC-BFMTV ce lundi. Il y a une "soixantaine de circonscriptions où les résultats électoraux laissent à penser qu'il y a un candidat du bloc central qui a plus de chance de gagner", selon lui.
Le but est de "se donner les chances dans une circonscription de ne pas laisser le choix entre le RN et LFI", à propos des législatures où il y aura des candidats du parti présidentiel ou de ses alliés (formant le groupe Ensemble pour la République). Quel est le message envoyé à ses électeurs? "Choisir le candidat le plus républicain et le plus démocrate", a indiqué le maire du Havre.
Pourquoi ne pas présenter de candidat face à François Hollande, investi par le PS en Corrèze? "Le calcul fait est de constater qu'il n'y a pas de candidat de la majorité susceptible de l'emporter", a indiqué Édouard Philippe. La macronie ne soutiendra pas l'ancien président, Gabriel Attal dénonçant une "alliance" avec LFI et se prononce en faveur du député LR sortant, Francis Dubois.
RN ou LFI? "Les deux me font peur"
Qui Édouard Philippe craint-il le plus, le RN ou LFI et ses alliés? "Les deux me font peur", a répondu l'ex-Premier ministre, en s'en prenant aux programmes financiers des deux camps ainsi qu'à leurs positions sur "la sécurité extérieure".
"La crise financière me fait peur, le monde dangereux me fait peur."
"Pour LFI, pas un mot sur la défense, la dissuasion nucléaire, les alliances", a-t-il souligné. "Hallucinant", selon lui. "Pour le RN et ses alliés", l'idée de "sortir de l'Otan". "En quoi ce type de décision ajoute de la sécurité à la France? En rien du tout", a-t-il tranché. "Les deux m'inquiètent", a-t-il dit avant d'insister: "Des deux côtés du spectre politique, je vois des propositions qui vont précipiter et aggraver la faiblesse financière, sur l'épargne des français, leur prospérité."
Pour qui l'ex-Premier ministre appellerait-il à voter entre l'extrême droite et le nouveau Front populaire? Édouard Philippe "y répondra au second tour", car ce serait "ne pas prendre au sérieux le premier tour". "Je fais campagne pour les candidats Horizons et de la majorité", a-t-il rappelé.
"Il y a de la colère"
"C'est pas facile mais il faut le faire: la politique, c'est se battre pour un certains nombres d'idées", a-t-il aussi déclaré, tout en reconnaissant les résultats du RN aux élections européennes: "Oui, il y a de la colère, de la conviction, du rejet du président de la République, du gouvernement, du 'on n'a pas essayé'."
Sollicité sur le bilan de son passage à la tête du gouvernement (2017-2020), Édouard Philippe l'a défendu, en particulier sur le chômage, malgré "beaucoup de critiques". Même s'il a admis qu'avec le recul, "il y a forcément des choses qu'on ferait autrement".
"Quand vous prenez beaucoup de décisions, parfois vous vous trompez. Le seul avantage de l'expérience c'est de savoir ça. (...) Vous pouvez transformer des choses mais c'est difficile et long."
En temps que responsable politique, "vous apprenez très vite qu'entre ce que vous souhaitez et ce qui est possible, il y a une énorme marge", a souligné le chef d'Horizons.