Les procurations s'envolent pour les législatives, même entre inconnus: "Les gens sont inquiets"

Plus de 63.000 procurations ont été réalisées en seulement deux jours (lundi et mardi), selon le ministère de l'Intérieur, pour les législatives anticipées. Pour les campagne des européennes, 874.000 procurations étaient valides.
Depuis l'annonce des résultats des élections européennes, qui ont donné gagnante la liste Rassemblement national de Jordan Bardella, et après la dissolution de l'Assemblée nationale, les Français s'organisent pour voter le 30 juin et le 7 juillet.
Dans une note envoyée mardi, Gérald Darmanin demande aux préfets "d'accueillir dans les meilleures conditions possibles" les électeurs souhaitant faire procuration dans les commissariats de police et les brigades de gendarmerie, insistant sur la nécessité de "fluidifier l'accueil et de garantir cet accompagnement".
Selon un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche, 57% des inscrits sur les listes électorales se disent certains d’aller voter et 10% l’envisagent sérieusement.
"Gens de confiance"
Sur les réseaux sociaux, le mot "procuration" se multiplie. "Libre pour une procu à Nancy" a écrit Fuyumi. "Dans l'heure, une personne m'a contactée en message privé, on a échangé pour être sûr qu'on soit raccord", explique-t-elle.
"Avant même de me demander pour qui j'allais voter, je me suis dit 'il faut que les gens qui n'ont pas voté votent'", explique Elodie, qui décide dès lors de toquer à la porte de ses voisins.
"On a fait un petit tableur pour se dire qui était là et qui n'était pas là, entre gens de confiance pour se refiler des procurations".
"Plan procu"
D'autres optent pour "Plan procu": un "site de rencontres" entre ceux qui cherchent et ceux acceptent de prendre une procuration. 3.000 demandes en trois jours, contre 2.000 pour toute la campagne des européennes.
"La nuit de dimanche à lundi, on a eu des pics de connexion énormes, 80.000 dans la nuit", explique Clémence Pène, co-présidente de l'association A Voté qui a lancé la plateforme.
"Cela veut dire que les gens sont hyper mobilisés et inquiets en même temps. Et que la date ne convient à personne, donc il y a beaucoup de gens qui vont passer à côté". La procuration est un dépannage, insiste-t-elle: il faut aller voter.
Mais plusieurs internautes sur X ont "alerté" sur le fait de ne pas confier sa procuration à des inconnus, compte tenu du fait qu'il n'existe aucune garantie que le vote voulu sera respecté. "Il y a une charte citoyenne à signer qui rappelle (...) de respecter le choix et les indications qui ont été données", indique Dorian Dreuil, qui reconnaît toutefois que le système repose sur "la confiance, comme n'importe quelle procuration".
La France insoumise propose notamment sa propre plateforme "actionpopulaire.fr" qui propose de mettre en relation des militants pour effectuer leur procuration.
L'association incite tout de même les électeurs à se tourner en priorité vers des proches ou des partis politiques pour porter leur procuration. Le site Planprocu.fr s'engage à supprimer toutes les informations personnelles à l'issue du scrutin.
Se rendre dans un commissariat ou au tribunal pour valider la démarche
Pour faire une procuration, il faut remplir un formulaire (papier ou en ligne) puis se rendre dans un commissariat ou un tribunal pour valider la démarche.
Cette dernière étape n'est désormais plus obligatoire pour ceux qui disposent d'une carte d'identité nouvelle version (au format carte bancaire) et peuvent effectuer la procédure entièrement en ligne, via l'application pour smartphone France Identité.
Mais pour pouvoir voter par procuration, encore faut-il trouver quelqu'un qui puisse se déplacer dans son bureau de vote le jour du scrutin.