Macron refuse de retirer la légion d'honneur de Sarkozy et interroge: "Il n'est pas censé donner l'exemple?"

C'est normalement la règle. Condamné à 3 ans de prison dont 1 ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes, l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy devrait faire l'objet d'une dégradation de sa légion d'honneur comme le prévoit le code de la décoration.
Mais Emmanuel Macron ne veut pas trancher: "Le président Sarkozy a des procès en cours, certes il a épuisé les voies de recours en France mais compte tenu qu'il a été élu par le peuple souverain, il mérite le respect. C'est très important que les anciens présidents soient respectés De mon point de vue, ça ne serait pas une bonne décision", a assuré le chef de l'Etat depuis Madagascar.
Une non-décision qui irrite les Grandes Gueules ce vendredi: "Il y a un texte de loi, s'il y a condamnation il y a dégradation, un président est là pour donner l'exemple et il serait logique que Nicolas Sarkozy soit sanctionné", estime le docteur Jérôme Marty.
Encore des recours juridiques?
Mais Emmanuel Macron estime que les recours juridiques ne sont pas terminées alors que Nicolas Sarkozy peut encore faire valoir un recours devant la Cour européenne de justice: "Les recours juridiques ne sont pas terminés donc il peut au moins garder sa rosette sur canapé tant qu'ils ne sont pas allés au bout", justifie Jérôme Marty qui plaide pour une dégradation, seulement en cas de condamnation devant la Cour européenne.
"Emmanuel Macron dit que retirer la légion d'honneur a un ancien président qui a encore des soutiens ce ne serait pas bon pour le pays", estime Antoine Diers. "Il y a une distinction entre politique et justice et c'est assez juste", poursuit-il. "A force de mettre tous les politiques en justice et les dégrader, au bout d'un moment c'est toute la classe politique qui en pâtit", ajoute l'ancien conseiller d'Eric Zemmour.
"S'il y a une règle, il faut l'appliquer à tout le monde, ça donne l'impression que le politique a le droit de garder sa breloque alors que les autres seraient dégradés", estime de son côté Olivier Truchot.
"On a une fascination pour les médailles en France qui m'a toujours étonné"
"L'argument d'Emmanuel Macron est un peu embrouillé: il a dit respect pour la fonction mais pour l'image du pays, avoir la médaille en haut et le bracelet électronique en bas, il y a un problème", note de son côté Fatima Aït-Bounoua.
"Il n'y a qu'en France où c'est un enjeu de savoir qui va la garder. On a une fascination pour les médailles en France qui m'a toujours étonné", conclut Olivier Truchot.
Lors d'une conférence début mars, le général François Lecointre, chancelier de la Légion d'honneur, avait affirmé que le retrait de la Légion d'honneur de Nicolas Sarkozy était "de droit". L'avocat de l'ancien président de la République, Me Patrice Spinosi, avait alors rappelé que son client avait été élevé grand-croix lors de son accession à la tête de l'Etat en 2007. La Légion d'honneur de Nicolas Sarkozy est "attachée à sa fonction" d'ancien chef de l'Etat et non à sa personne, avait fait valoir l'avocat.
Condamné à trois ans de prison dont un an ferme, l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy est aujourd'hui sous le régime du bracelet électronique qui limite ses déplacements. L'ancien chef de l'Etat pourrait de nouveau être condamné dans l'affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.