Manifestations de l'ultra-droite: pourquoi il y a une multiplications des rassemblements

Après les manifestations de l’ultra-droite à Paris au début du mois de mai, une quarantaine de militants ont défilé dans les rues d'Annecy, sans avoir déclaré la manifestation en préfecture, ce mardi. Le parquet d'Annecy a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "organisation de manifestation non déclarée".
Le maire de la ville et le préfet de Haute-Savoie ont "fermement" condamné cette manifestation, confirmant qu’elle n’avait pas été autorisée. De même que de nombreux élus de gauche, dont Jean-Luc Mélenchon et l'élue annécienne Fabienne Grébert.
Ces rassemblements, on a le sentiment qu'on en voit de plus en plus. Des groupuscules d'ultra-droite à Annecy, mais aussi Bourges, Narbonne, Thionville. Le spécialiste de l'extrême-droite Jean-Yves Camus y voit là le résultat de la dissolution ces dernières années de deux organisations d'extrême droite: Génération identitaire et Bastion social.
“C’est un émiettement quasi-mécanique. À partir du moment où les dissolutions touchent un mouvement qui est nationalement constitué, les militants qui souhaitent continuer continuent avec un autre nom, sur une structure beaucoup moins lisible, plus localisée. Donc on a des groupes aujourd’hui dans des villes beaucoup plus petites, ou pas habituées à ce type de comportement”, détaille-t-il.
La montée de l'extrême droite dans le monde responsable?
Des petits groupes qui communiquent entre eux et parfois s'agglomèrent, comme à Paris, le 6 mai dernier. Un phénomène aussi amplifié, selon le sociologue Erwan Lecoeur, par la montée de l'extrême droite à l'échelle internationale.
“On voit bien qu’il y a une internationalisation de ces discours nationalistes, et souvent racistes. Elle est aidante parce qu’elle donne le sentiment à des militants ici en France que ce qui se passe ailleurs, en Italie, en Suède, aux Etats-Unis ou ailleurs, pourrait se passer en France prochainement. Donc ça leur donne l’impression qu’ils sont aux portes du pouvoir”, appuie-t-il.
Et la dédiabolisation du RN ne serait pas anodine, la frange la plus radicale souhaitant peser dans le débat public.