Marine Le Pen inéligible: le RN promet un meeting "pacifique" malgré un "préjudice irréparable"

Des milliers de personnes sont attendues dimanche, place Vauban à Paris, pour le meeting organisé par le Rassemblement national, six jours après la condamnation de Marine Le Pen. La cheffe de file du parti d'extrême droite s'est vue infliger quatre ans de prison dont deux ferme et une peine d'inéligibilité de cinq ans avec exécution provisoire pour détournement de fonds publics au Parlement européen, dans le cadre du procès liés à l'emploi d'assistants parlementaires.
Pour l'instant inéligible, en attendant une décision en appel qui pourrait intervenir à l'été 2026, Marine Le Pen, triple candidate à la présidentielle en 2012, 2017 et 2022, est donc empêchée de concourir au scrutin de 2027. C'est principalement pour cette raison que le Rassemblement national organise son meeting dimanche.
Attaques contre la justice
"Un préjudice irréparable pour Marine Le Pen, les Français et notre démocratie", fustige ce samedi sur RMC le député Thomas Ménagé et porte-parole du groupe RN à l'Assemblée nationale. "S'il y avait une dissolution à l'Assemblée ou une présidentielle anticipée, Marine Le Pen serait dans l'incacapicité de se présenter", souligne-t-il au micro d'Anaïs Matin. "C'est une décision profondément injuste", évoquant des "juges politisés".
"Le RN, qui était dans une phase de banalisation, retombe dans les ornières du passé [...] Je retrouve là les mêmes insultes à l’égard de la justice, le procès d’un système, la dénonciation d’une "tyrannie de l’oligarchie", c’est-à-dire tout le vocabulaire de l’extrême droite qui peut se révéler factieuse, a dénoncé hier dans Le Parisien François Hollande.
Pas de culture de la manifestation
Depuis mardi, les élus et militants RN quadrillent la France pour attirer le plus de monde possible d'ici dimanche. "La peur de Marine Le Pen c'est que cet électorat se désespère, son objectif c'est de le surmobiliser", développait vendredi sur RMC le constitutionnaliste Benjamin Morel. D'autant que la manifestation n'est clairement pas dans la culture du parti. "Ils se sont organisés comme les vieux partis politiques mais il n’y a pas la culture militante, pas de logistique." "Un rassemblement pacifique et démocratique", assure de son côté Thomas Ménagé.
Dans cette circonscription du Nord historiquement communiste remportée par le RN aux dernières législatives, le député Guillaume Florquin débute à peine son opération tractage en soutien à Marine Le Pen qu’il est pris à partie par Dominique. "Elle a volé! Combien de millions d'euros?", assène cet habitant envers l'élu.
Comme Dominique, une seule autre personne va refuser le tract à l’effigie de Marine le Pen. Tous les autres apportent leur soutien au Rassemblement National. "J'ai compris qu'ils voulaient l'abattre, tout simplement", considère l'un. "On devrait la laisser libre de se présenter, après les gens choisissent, tout simplement", estime une autre. "C'est une injustice. Les autres sont passés au travers et elle, non. Pourquoi?"
"Très compliqué de trouver des bus en quelques jours"
La mission principale de ce tractage, comme l'affirme Guillaume Florquin, c’est la pédagogie. "On est là pour expliquer les choses, on parle de l'exécution provisoire. On explique aux gens que Marine doit pouvoir être candidate", dit-il auprès de RMC.
L’autre mission, c’est rassembler les militants avant la manifestation parisienne de dimanche. "Il y a des échanges, des collages, des tractages, des marchés, des brocantes... Il y aussi le temps d'organisation, trouver des bus en quelques jours, c'est très compliqué mais deux sont déjà plein", affirme l'élu, qui "pense qu'il y aura beaucoup de monde", place Vauban, à Paris.
Un soutien qui serait grandissant dans le Nord puisque le parti d'extrême droite revendique 200 adhésions supplémentaires depuis la condamnation de Marine Le Pen. Au niveau national, ce serait "20.000 nouveaux adhérents", selon Thomas Ménagé.
"Riposte d'urgence" à gauche
La gauche a aussi appelé dimanche au rassemblement, à l'initiative des Ecologistes et de LFI, place de la République à Paris. "Cela aurait été insupportable" de voir toute la journée la manifestation du RN, "sans aucune forme de contradiction en face", a souligné auprès de l'AFP Marine Tondelier, qu'elle qualifie de "riposte d'urgence".