Assistants parlementaires: pourquoi Marine Le Pen et des cadres du RN sont accusés d’emplois fictifs

C’est ce lundi que débute le procès de Marine Le Pen dans l’affaire des assistants parlementaires. Le RN est accusé de s’être financé en détournant des fonds européens. C’est le procès de Marine Le Pen et d’élus, cadres ou ex du parti, et également du RN en qualité de personne morale. Julien Odoul, Louis Aliot, Nicolas Bay ou encore Jean-Marie Le Pen sont accusés d’avoir détourné l’enveloppe de 21.000 euros que le Parlement européen distribue à chaque élu pour rémunérer des assistants qui auraient en réalité travaillé pour le parti. Le Parlement, qui s’est constitué partie civile, chiffre le préjudice à 6,8 millions d’euros.
On parle d’un procès pour "emplois fictifs". En 2015, le FN publie un organigramme qui interpelle Bruxelles et étaye des soupçons de l’Office européen de lutte anti-fraude. On y voit des assistants parlementaires à des postes clés au sein du parti. Julien Odoul par exemple, assistant parlementaire d’une eurodéputée… et conseiller de Marine Le Pen, à laquelle qui il écrit en 2015: "Marine, serait-il possible que je vienne à Strasbourg pour voir comment se déroule une session?". Il demande aussi à faire connaissance avec la députée à laquelle il est rattaché. Cela fait pourtant déjà quatre mois qu’il est en contrat.
Les juges d’instruction de l’affaire insistent sur le "caractère systémique du détournement", devenu "un moyen de financement du parti". Il y a des témoignages qui viennent appuyer ces accusations. Notamment des anciens, partis fâchés. Ancienne eurodéputée FN, Sophie Montel accuse Marine Le Pen d’avoir elle-même expliqué aux élus qu’une part de l’argent européen servirait au parti.
Jordan Bardella échappe au procès
"Emplois fictifs", c’est faux dit le RN qui assumerait presque une partie de ce qui lui est reproché. La semaine dernière, Jordan Bardella parlait de "différences d’appréciation". Pour le parti, leurs assistants ne sont pas "des fonctionnaires du Parlement européen". Mais les règles du Parlement sont claires: "Un assistant parlementaire, doit se consacrer, durant ses heures de travail, exclusivement à un travail d’assistant parlementaire européen".
Il y a d’autres exemples. Cet assistant de Marine Le Pen qui était aussi garde du corps de Jean-Marie Le Pen, celui qui était graphiste pour le parti aussi… Yann Le Pen, sœur de Marine Le Pen et assistante à l’époque, a reconnu n’avoir jamais mis les pieds au Parlement européen ni même travaillé sur un dossier politique européen: "Je n’en ai pas les compétences et cela ne m’a jamais été demandé".
Jordan Bardella, le président du parti, n’est pas sur le banc des accusés, lui. Il était bien assistant parlementaire en 2015 et figurait aussi sur l’organigramme problématique du FN. Dans un livre paru il y a deux semaines, un journaliste de Libération affirme qu’il serait parvenu à "berner" la justice en fournissant "de fausses preuves de travail". Ce que l’intéressé dément.
Le RN n’est pas le seul parti français à qui Bruxelles reproche de confondre la caisse du parti avec les comptes publics européens. Des élus ont déjà été condamnés ainsi que leurs partis, le Modem et l’UDF. François Bayrou a été relaxé, le parquet a fait appel. Une enquête vise également La France insoumise. Ce procès du Rassemblement national doit durer jusqu’à novembre. Les prévenus encourent une peine de dix ans de prison et 1 million d'euros d'amende. Le tribunal peut également les condamner à une peine d'inéligibilité de dix ans. Ce qui, selon les éventuels appels et pourvois, pourrait barrer la route de Marine Le Pen pour 2027.