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Marine Le Pen dit ne pas avoir les 500 parrainages : info ou intox ?

Les Coulisses de la Politique, de Christophe Jakubyszyn, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC.

Les Coulisses de la Politique, de Christophe Jakubyszyn, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC. - -

La présidente du Front National, Marine Le Pen, a-t-elle recueilli les 500 signatures nécessaires pour pouvoir se présenter le 22 avril prochain ? C’est vrai qu’à chaque élection présidentielle, la question se pose. Et à chaque fois, le FN réussit à se présenter, sur le fil du rasoir…

En 2007, Jean-Marie Le Pen avait obtenu 507 signatures. En 2002, année où il avait accédé au second tour, c’était 533. En 2012, Marine Le Pen continue d’affirmer qu’elle a des difficultés à recueillir les 500 parrainages nécessaires pour pouvoir se présenter à la présidentielle. Pour rappel, 43 000 élus, notamment les maires des 36 000 communes, peuvent apporter leur parrainage. Et ils ont jusqu’au 16 mars à 18h pour le faire. Ce mardi, Marine Le Pen va d’ailleurs manifester devant le Sénat, où doit être discuté un amendement visant à rendre anonymes les parrainages de maires. Car la publication du nom de 500 parrains constitue à ses yeux un facteur dissuasif pour les élus.

Mais pourquoi est-ce plus difficile pour le FN que pour d’autres partis ? Même pour des partis beaucoup plus petits que le FN. Jacques Cheminade a justement créé la surprise ce matin…

Première raison : le FN dispose de peu d’élus : 3 députés européens, 118 conseillers régionaux et quelques conseillers municipaux, dont la plupart ne sont pas habilités à parrainer. D’autres petits partis, notamment d’extrême gauche, peuvent compter sur des municipalités de gauche, des élus communistes historiques qui n’hésitent pas à apporter leur parrainage à des candidats d’extrême gauche. A l’inverse, à droite, le parrainage du candidat d’extrême droite est toujours plus délicat et engageant que celui d’un candidat du centre ou divers droite.

Oui mais il peut y avoir des instructions, notamment à l’UMP, pour donner les signatures au FN afin que soit représentée une candidate qui totalise actuellement entre 17 et 20% des intentions de vote ?

Ça a pu être le cas dans le passé. Mais cette fois il semble que l’Elysée et l’UMP ne soient pas convaincus de la nécessité. Dès l’automne, Jean-François Copé a demandé à ses élus de ne parrainer que le candidat UMP, c’est-à-dire Nicolas Sarkozy. Or, dimanche lors de son intervention à la télévision, le Président de la République a soufflé le chaud et le froid : « C’est toujours préjudiciable qu'un courant politique – dont je ne partage pas les convictions – ne soit pas présent. Mais vous ne voulez quand même pas que je m'occupe d'elle aussi ? ».
C’est pourtant ce que Marine Le Pen semble attendre du président. Il y a 3 semaines sur RMC, elle avait explicitement tenu responsable Nicolas Sarkozy de ses difficultés à obtenir des signatures. Elle avait même menacé le président : « Il y a de grands risques pour que Nicolas Sarkozy, si je suis présente à cette élection présidentielle, soit battu. Mais il y a une certitude qu’il soit battu si je n’y suis pas présente ». Ce qui veut dire qu’elle inciterait ses électeurs potentiels à faire battre le président Sarkozy.

Mais sérieusement, elle pourrait ne pas être candidate ?

Je suis perplexe. Car l’Elysée commence à faire savoir qu’il s’agit du problème du FN et de personne d’autre. Et de réfléchir aux moyens de compenser cette absence éventuelle à la présidentielle par d’autres moyens pour le FN de participer à la vie démocratique. Là encore, c’est Nicolas Sarkozy qui dimanche, a donné une piste : « Il faut aller vers une démocratie exemplaire. Est-ce qu'il est sain que des courants politiques ne soient pas représentés au Parlement ? C'est certainement une question à laquelle il faudra répondre ».
Alors par tradition, on ne change pas les règles du jeu l’année d’une élection. Mais c’est vrai que l’accès du FN à l’Assemblée nationale réparerait une anomalie et permettrait au chef de ce parti d’obtenir mécaniquement plus de parrainages pour la présidentielle en 2017…

Pour écouter la chronique de Christophe Jakubyszyn, "Les coulisses de la politique" de ce mardi 31 janvier à 7h20, cliquez ici.

Christophe Jakubyszyn