Martine Aubry contre l'exécutif: "Elle a raison parce que là ça va vraiment loin", estime un militant

Martine Aubry a violemment attaqué le gouvernement - AFP
Après "Macron, ras-le-bol !", Martine Aubry lance "Trop c'est trop !", un réquisitoire contre la politique du gouvernement publié dans le journal Le Monde de mercredi. Dans le viseur de la maire de Lille, et de 17 autres personnalités de gauche: le pacte de responsabilité, la déchéance de nationalité, le discours de Manuel Valls qui à Munich a critiqué Angela Merkel et sa volonté d'accueillir les réfugiés et enfin, la goutte d'eau, le projet de loi El Khomri sur la réforme du Code du travail.
"C'est un affaiblissement durable de la France qui se prépare", estiment-ils. Mais qu'en pensent les militants socialistes? RMC s'est rendue dans la troisième plus importante fédération de France (avec 4.000 militants, ndlr), celle de la Haute-Garonne, pour le savoir. Sur place, Romain, jeune militant socialiste de 28 ans, se félicite du coup de gueule de Martine Aubry: "Trop, c'est trop ! Je pense qu'on a atteint une limite."
"Elle a raison"
Principalement dans le viseur de Romain: le projet de réforme de Code du travail. "Cette loi ne porte pas les valeurs de gauche, estime-t-il. Quand on nous dit que ce sera plus simple de licencier et que l'on va augmenter les heures supplémentaires sans forcément les payer plus, pour moi, ce n'est pas forcément de gauche". "Elle a raison parce que là ça va vraiment loin, confirme Hugo Petracchi, jeune militant socialiste de 20 ans. Elle incarne une gauche qui, quand elle a été au gouvernement, a fait avancer les choses. Or, là, François Hollande et ses ministres essayent de métamorphoser la gauche".
"Martine Aubry arrive donc pour dire que la gauche ce n'est pas ça, que la gauche peut encore être efficace au gouvernement avec les valeurs d'hier". Marie, 50 ans, militante également dans la région toulousaine, est plus mesurée. "Il faut trouver des solutions pour améliorer la vie des gens, argumente-t-elle. Le PS c'est avant tout un parti progressiste".
"Pas une faute politique"
Un parti progressiste qui doit être favorable au débat martèle Sébastien Vincini. Le patron de la fédération socialiste de Haute-Garonne n’accepte pas la sortie de Jean-Marie Le Guen qui a parlé de "faute politique" à propos de cette tribune: "Je ne vois pas en quoi c'est une faute politique. Le parti socialiste n'est pas un parti de godillot. Aujourd'hui, la gauche doit avoir un sursaut, certifie-t-il. La réflexion, le dialogue, l'esprit critique et constructif… C'est l'essence même de la gauche militante". Et d'ajouter: "Je ne fais pas partie, Martine Aubry non plus, de ceux qui pensent qu'il faut faire l'impasse sur 2017".
Mais, au rythme où vont les choses, cette future élection n'est-elle déjà pas compromise? A cette question, Marie sourit: "On n'a pas encore de candidats, donc attendons d'en avoir. Quand ça sera le cas, nous aurons un programme que nous défendrons. Et nous essaierons, encore et toujours, de changer la vie des gens…" Romain, pour sa part, est plus inquiet: "J'ai bien peur qu'avec les dernières lois en date les gens ne sachent plus vraiment ce qu'est la gauche et ce qu'est la droite".