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Mbappé, anecdotes et "Ultra Vomit": comment la vidéo d'Emmanuel Macron face à McFly et Carlito a-t-elle été vue par les jeunes?

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Si ce "concours d'anecdotes" s'est soldé par un match nul, ce genre de vidéo pourrait-il avoir un impact sur l'élection présidentielle à venir?

La diffusion dimanche d'une émission à l'Elysée avec McFly et Carlito, qui a dépassé les 7,5 millions de vues en quelques heures, n'est que le dernier d'une série de signaux adressés par Emmanuel Macron en direction des jeunes, à moins d'un an de la présidentielle.

Blagues autour du foot, appel à Kylian Mbappé, concert de metal dans les jardins l'Elysée: Emmanuel Macron s'est donc livré comme promis au "concours d'anecdotes" des deux youtubeurs stars McFly et Carlito, diffusé dimanche. Le chef de l'Etat avait promis d'inviter le duo à tourner à l'Elysée et de participer à un "concours d'anecdotes" avec eux s'ils atteignaient les 10 millions de vues dans une vidéo pour défendre les gestes barrières, défi aisément relevé.

Le "concours d'anecdotes" est simple: chaque camp en raconte, à charge à l'adversaire de dire si elles sont vraies ou fausses. Résultat: match nul (4-4) et chacun s'est engagé à un gage. Pour le président de la République, c'est un "petit cadre" photo avec les visages des youtubeurs présent lors d'une prise de parole, "lors du 14 juillet, ou une autre", comme l'a rappelé Carlito au terme de cette vidéo d'une demi-heure. Pour les deux youtubeurs, monter à bord d'un avion de la patrouille de France lors des cérémonies du 14 juillet. 

"Remontada"

Ce "concours d'anecdotes" a été émaillé de références au foot, entre Emmanuel Macron, fan déclaré de l'OM, et McFly et Carlito, qui supportent le PSG. Le chef de l'Etat a d'abord perdu en assurant qu'il s'occupait de la carrière de Kylian Mbappé, star du PSG, et que ce dernier allait signer à Marseille. Mais, surprise, Emmanuel Macron a au passage appelé l'attaquant des Bleus, qui, au téléphone, a dit, amusé, qu'il était "impossible" pour lui de jouer pour le club rival marseillais. 

Le président de la République, mené 3-0, a cependant réussi une belle remontée, taquinant alors ses adversaires en évoquant la "remontada", élimination célèbre du PSG en Ligue des champions face à Barcelone, alors que les Parisiens croyaient avoir fait le plus dur au match aller. 

La vidéo s'achève sur une séquence inattendue dans les jardins de l'Elysée d'un "concert privé" comme le dit Carlito, pour les deux youtubeurs et le chef de l'Etat assis devant le groupe de metal Ultra Vomit (originaire de Nantes) avec une version furieuse de la comptine "Une souris verte".

"Zouaveries"

Son pas de deux avec McFly et Carlito a, sans surprise, été dépeint comme futile par les oppositions. "Je ne pense pas qu'Emmanuel Macron est meilleur youtubeur que président de la République", a lancé sur France 3 le communiste Ian Brossat: "L'essentiel est d'apporter des réponses à la précarité des jeunes. Le reste ce sont des zouaveries". 

"Je me moque de savoir comment il communique", a balayé pour sa part Thierry Mariani, tête de liste du RN aux régionales en PACA: "Le bilan de M. Macron, pour moi, les Français l'ont compris. Après il peut l'expliquer sur TikTok, sur Youtube ou je ne sais quoi, je pense que les Français l'ont jugé". 

Mais qu'en pensent donc les jeunes, qui étaient visés par cette vidéo? Pour les fan du duo de youtubeurs, comme Rémi, 19 ans, Emmanuel Macron à très bien réussi l’exercice du concours d’anecdotes. "J'ai vraiment bien aimé la vidéo, le Président a assez bien joué le jeu tout en gardant des distances, il ne peut pas se lâcher totalement" sourit-il. 

Un forme de communication politique qui intéresse Juliette et Charlyne également: "Je trouve que communiquer sur ces plateformes là permet de nous rapprocher beaucoup plus de lui" explique l'une ; "J'ai conscience qu'il s'en sert car l'élection présidentielle a lieu dans un an seulement" précise l'autre.

Des vidéos comme celle-là peuvent-elle se traduire en suffrage supplémentaire lors des prochaines élections? Pas forcément pour le politologue, Jean-Philippe Moinet: 

"La traduction directe en terme de votes n'est pas immédiate. Le premier parti des jeunes, c'est l'abstention. Et c'est l'enjeu des régionales et de la présidentielle".

La volonté du plus jeune président de la Ve République de s'adresser directement aux jeunes adultes paraît efficace auprès de sa cible. Selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche qui montre une hausse de 3 points de la cote de popularité présidentielle, Emmanuel Macron progresse particulièrement chez les plus jeunes, avec une cote de 51% chez les 18-24 ans, soit 8 points de plus qu'en avril.

Alfred Aurenche avec Xavier Allain