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Mélenchon s’est surestimé une fois de trop

Jena-Luc Mélenchon, ce dimanche après son échec à Hénin-Beaumont

Jena-Luc Mélenchon, ce dimanche après son échec à Hénin-Beaumont - -

Jean-Luc Mélenchon a perdu son pari dans la 11è circonscription du Pas-de-Calais. Avec 21,5%, il est devancé par le candidat du PS Philippe Kemel (23,5%), et loin derrière Marine Le Pen (42,3%). Mélenchon s’est surestimé une fois de trop.

Il faut d’abord lui rendre justice : beaucoup d’observateurs ont dit que la candidature de Jean-Luc Mélenchon à Hénin-Beaumont était faussement audacieuse, que c’était presque une promenade de santé – on voit que c’était un chemin de croix. Qu’il ait pensé rafler au PS les lauriers d’une victoire contre Marine Le Pen, c’est évident ; qu’il ait su que c’était difficile, périlleux même, il ne faut pas en douter. Mais il s’est laissé griser – peut-être abuser – par sa percée à la présidentielle, par l’impact médiatique qu’il provoque, par sa « starisation ». Il n’a pas vu ce que – déjà – le résultat de la présidentielle avait mis en évidence : contrairement aux apparences, c’est l’ancrage populaire qui lui fait défaut. A trop s’être laissé griser, il finit par faire… grise mine.

Cette défaite marque un coup d’arrêt pour le « phénomène Mélenchon ».

Mélenchon est un collectiviste qui personnalise beaucoup ses combats : il est logique qu’il paie le prix de la défaite à titre personnel. Il prétendait empêcher « l’enracinement » de Marine Le Pen Pas-de-Calais; il n’a rien empêché du tout. Non seulement elle fait un score énorme (elle a gagné 9 points depuis le 22 avril !) mais lui ne sera pas au 2è tour : du coup il ne peut même pas mettre en scène son retrait – il n’a pas le choix ! Son vrai pari, c’était de passer devant le PS, grâce à sa notoriété, à son tempérament et à sa radicalité dans une région où les socialistes sont englués dans les « affaires ». A l’arrivée, il est devancé par un candidat qui n’a pas la moitié de son charisme. Il s’en remettra. Mais il devait espérer une sortie plus glorieuse.

Au plan national, le Front de gauche obtient néanmoins un score honorable (7%) : c’est mieux que les Verts et cela en fait la 4è force de l’échiquier politique. Pas une consolation pour Jean-Luc Mélenchon.

C’est une frustration supplémentaire. Sa défaite face à Marine Le Pen le prive d’une position de leader de la gauche non-socialiste dont il comptait faire un promontoire – face à la majorité Ayrault, il se serait bien vu en héraut de la minorité… Finalement, il aura été la locomotive du redressement électoral du PCF, mais le succès du Front de Gauche se fait sans lui – d’ailleurs, l’autre figure du Parti de Gauhe, M. Billard, est aussi éliminée à Paris. Les communistes devraient pouvoir former un groupe à l’Assemblée sans que le camarade Mélenchon puisse leur faire de l’ombre. Dans l’immédiat, il est condamné au silence pour l’entre-deux tours, l’attention se déplace de Hénin-Beaumont vers La Rochelle et Ségolène Royal lui ravit la vedette. Pour Mélenchon, c’est peut-être le châtiment le plus cruel…

Pour écouter ici Le parti pris d'Hervé Gattegno de ce lundi 11 juin, cliquez ici.

Hervé Gattegno