Mort de Jean-Marie Le Pen: le RN dans l'embarras pour rendre hommage

Jean-Marie Le Pen est mort mardi à l’âge de 96 ans. Au lendemain de sa mort, des questions se posent déjà à l’extrême droite notamment sur la question de l’hommage à rendre au fondateur du Front national devenu Rassemblement national. Un sujet redouté sur lequel le parti réfléchit depuis des années en confiant personnellement cette tâche à Marine Le Pen. Faut-il rendre un hommage public à Jean-Marie Le Pen ? La question divise au sein du parti.
Saluer le fondateur du parti oui, mais hors de question de se voir associer à ses outrances racistes, antisémites, homophobes... C'est précisément ce qu'appréhendent les jeunes élus du RN, cette nouvelle génération qui a rejoint Marine Le Pen après le travail de dédiabolisation du parti.
“L’héritage de Jean-Marie Le Pen pour l’immense partie de la classe politique est évidemment fondamentalement négatif. On retient ses outrances, son antisémitisme assumé, on retient son racisme qui était également assumé”, analysé ce mercredi matin sur RMC Benjamin Morel, politologue et maître de conférences en droit public à Paris II.
Reste qu'une cérémonie religieuse à Paris serait bien en préparation. Certains évoquent l'église de la Madeleine. Dans tous les cas, ce sont les filles Le Pen qui trancheront, confiait mardi soir un proche de la famille. Ce qui est sûr, c'est que les obsèques de Jean-Marie Le Pen se tiendront à la Trinité-sur-Mer en Bretagne, son fief historique où il sera inhumé dans le caveau familial.
Un héritage lourd à Toulon
Cette ombre que représente Jean-Marie Le Pen pour le RN aujourd’hui, elle se ressent également à Toulon dans le Var. Jean-Marie Le Pen a été élu conseiller régional de la PACA pendant plus de 10 ans et député européen du Sud-Est pendant une dizaine d'années. Mais à Toulon, pour certains des électeurs et militants du RN, l'héritage de Jean-Marie Le Pen est encombrant. "On est vraiment passé sur un parti différent avec des idées différentes, mais je pense que l’image elle sera toujours présente pour tout le monde”, juge Antonin.
Ce trentenaire qui a voté Marine Le Pen puis Jordan Bardella aux européennes, n'aurait jamais à son époque voté pour le fondateur du Front national.
“J’ai entendu parler sur la Seconde Guerre mondiale comme quoi il aurait dit que les chambres à gaz étaient secondaires… Je pense que c'est pour ça que le parti est très peu aimé, parce qu’il donne une mauvaise image du parti”, estime-t-il.
Rita, elle, vote pour le parti de Jean-Marie Le Pen depuis 1980, mais elle l'avoue, “je pense qu’il a quand même exagéré par moment. Sa fille a été là pour remettre un peu les lignes. Jean-Marie Le Pen, on a déjà tourné la page. On est plus dans le même esprit avec sa fille et Jordan Bardella”, pointe-t-elle.
Carine, elle, espère que le RN s'est définitivement débarrassé de cet héritage. “Ce n’était pas une belle conception de la politique. Toutes les polémiques qu’il avait engendrées…”, déplore-t-elle.
Mais pour ces Toulonnaises, l'image du RN s'est depuis modernisée et l'époque de Jean-Marie Le Pen est révolue depuis sa mise à l'écart du parti.