Nouveau Premier ministre, gouvernement... Quel avenir politique après les législatives?

Et maintenant? Après la surprise des résultats du second tour des législatives qui a vu le bloc de gauche du Nouveau Front populaire obtenir une majorité relative devant Ensemble, le parti présidentiel, et l'extrême droite, que va-t-il se passer? Qui va gouverner la France ? Que dit la Constitution sur le choix du Premier ministre lorsqu'aucun parti n’a la majorité absolue?
Ce lundi, il y a beaucoup d'incertitudes et seulement quelques certitudes. La première, c’est que le Premier ministre Gabriel Attal va présenter ce lundi la démission de son gouvernement, comme il l'a annoncé la veille. Mais le président de la République Emmanuel Macron peut refuser cette démission et lui demander de continuer à assurer les affaires courantes. Gabriel Attal a déjà fait savoir qu’il accepterait puisqu’il s’est dit prêt à rester à Matignon aussi longtemps que le devoir l’exigera.
La nouvelle Assemblée nationale peut-elle renverser le gouvernement?
Du côté de la nouvelle Assemblée nationale, les députés fraîchement élus ou réélus doivent se réunir de plein droit le deuxième jeudi qui suit l'élection, pour une session de 15 jours, soit du 18 juillet au 2 août.
Ils vont commencer par élire leur président, puis ils peuvent mettre au vote une motion de censure. Il suffit qu’elle soit déposée par 10% des députés, soit 57, ce qui n’est pas difficile. Et si cette motion obtient la majorité absolue des 577 députés, soit 289 voix, alors le Premier ministre a l’obligation de présenter sa démission au président comme l'exige l'article 49.2 de la Constitution.
Mais le président n’a pas l’obligation de l’accepter. Il pourrait faire valoir que nous ne serons plus qu'à quelques jours des Jeux olympiques et demander à Gabriel Attal et à ses ministres de rester en fonction. Et comme à l’issue de cette session de 15 jours, le Parlement ne se réunira plus avant le 1er octobre, on ne peut pas exclure que ce gouvernement reste en place jusque-là.
Qui pour succéder à Gabriel Attal?
Théoriquement, Emmanuel Macron peut nommer qui il veut, quand il veut, comme Premier ministre. Mais lorsqu'il ne dispose plus de la majorité, la logique des institutions veut qu’il désigne un membre de la coalition arrivé en tête, en l'occurrence le Nouveau Front populaire.
Dès 20h05 ce dimanche soir, Jean-Luc Mélenchon l’a exigé en laissant entendre que le Premier ministre devrait être celui que choisira le Front Populaire et sans doute une personnalité de La France insoumise, puisque c’est le parti qui arrive en tête au sein de la coalition.
Dimanche soir, aucun membre de cette coalition n’a voulu dire quand et comment sera choisi le nom de ce potentiel Premier ministre. Une première réunion entre les quatre chefs de partis s’est terminée cette nuit à 2h45. Les négociations vont se poursuivre cette semaine.
Emmanuel Macron, lui, s’est donné un peu de temps, puisqu’il a dit qu’il attendait de voir la structuration de la nouvelle Assemblée. C'est-à-dire de voir comment se composent les groupes à gauche, ce qui veut dire qu’il attend au moins le 18 juillet.
Que va-t-il se passer après le 18 juillet?
Après le 18 juillet, on rentre dans la zone des incertitudes. Emmanuel Macron pourrait nommer un Premier ministre de gauche. Par exemple, celui qui lui sera proposé. Mais ce gouvernement sans majorité pourra sauter à la première occasion, si une motion de censure est déposée.
Dans un deuxième temps, Emmanuel Macron pourrait proposer à une personnalité de son camp d’essayer de former une large coalition avec LR et avec la gauche, hors LFI. Dimanche soir, Edouard Philippe s’est dit prêt à essayer de former ce rassemblement.
Un autre scénario possible, c’est de nommer un gouvernement technique, avec des experts apolitiques. Mais ce gouvernement aussi pourrait être renversé par une motion de censure.
En résumé, Gabriel Attal devrait rester à Matignon au moins 15 jours. Et après, c'est le flou total.