Nouvelle-Calédonie: un "appel au secours" face à la situation dramatique

C’est l’un des sujets explosifs dans l’attente d’un nouveau gouvernement. Quatre mois après les émeutes, la Nouvelle-Calédonie est au bord du gouffre. Et alors qu’à Paris, on parle de Bernard Cazeneuve ou de Xavier Bertrand, alors que se succèdent les rendez-vous politiques avec les partis, avec les anciens présidents, savez-vous qui rend visite à Emmanuel Macron ce mardi midi? Sonia Backès. Alors non, elle ne sera pas Première ministre, mais c’est en tant qu’élue de Nouvelle-Calédonie que l’ancienne secrétaire d’Etat est à Paris pour alerter. Elle lance un "appel au secours" sur la situation de l’archipel. Une situation dramatique puisque les autorités locales demandent 4,2 milliards d’euros pour "assurer le sauvetage du pays dans un premier temps" avant "d’engager sa reconstruction". C’est l’équivalent de la moitié du PIB de la Nouvelle-Calédonie. "Assurer le sauvetage", c’est encore l’enjeu, quatre mois après les émeutes et leurs 11 morts en mai.
A Paris, rendez-vous compte, on est concentré sur un triangle de quelques centaines de mètres de côté, entre l’Elysée, l’Assemblée nationale et l’Hôtel de Matignon. A Nouméa, à 17.000 km d’ici, un morceau de France est posé sur des braises ardentes. L’économie de la Nouvelle-Calédonie est à terre, à l’arrêt depuis les émeutes. Le tissu économique est ravagé. La Nouvelle Calédonie est "en voie de clochardisation" dit un élu du Congrès de Nouvelle-Calédonie, le parlement local. Un tiers des salariés du privé est au chômage. Le PIB a reculé de 20% depuis mai. Les dégâts sont importants, sur les infrastructures notamment. Les transports sont entravés: il reste des blocages et les contrôles paralysent les échanges.
Il ne faudrait pas oublier qu’avant même les émeutes, la situation économique était préoccupante. L’archipel subissait la crise du nickel, sa principale ressource, dont le cours mondial a perdu 50% en 2023…
Le dialogue entre loyalistes et indépendantistes au point mort
Selon la Chambre de commerce, 20.000 habitants auraient quitté l’Île, sur une population de 270.000. Et comme ce sont essentiellement des métropolitains, des européens qui rentrent, cela pourrait même changer le corps électoral. En attendant, la vie politique locale continue aussi, dans un monde institutionnel bloqué, sur place comme au niveau national. Du côté des loyalistes, la demande du Congrès, le voyage de l’ancienne ministre et son rendez-vous à l’Elysée. Du côté des indépendantistes, le FLNKS vient de choisir Christian Téin comme président. Il est considéré comme étant l’un des instigateurs des violences et il est actuellement détenu en Alsace. C’est le choix d’une ligne dure. Entre les deux camps, le dialogue est au point mort. On attend des réponses, des solutions du gouvernement, du prochain gouvernement.
Sur la réforme du corps électoral qui avait embrasé la Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron a annoncé la suspension du texte. Il devait être voté par le Congrès à Versailles. Et difficile de dire quelle majorité se dégagerait aujourd’hui en métropole…
En attendant une solution politique, pour l’ancienne ministre Sonia Backès, c’est un effondrement qui guette "d’ici à un mois". C’est ce qu’elle a dit à Bruno Le Maire, à Gérald Darmanin, mais aussi à Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, les présidents de l’Assemblée et du Sénat, ou encore à Nicolas Sarkozy. Avant de le dire à Emmanuel Macron.