On n'a plus envie de détester Royal !

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC. - -
Ségolène Royal a longtemps été la femme (politique) la plus insupportable de France, avec ses allures de cheftaine et son ton d’institutrice. Il faut dire qu’elle a toujours eu tendance à se mettre en avant – ce qui lui a valu beaucoup d’inimitiés jusque dans son camp. Il n’empêche que la voir au bord des larmes en annonçant sa défaite avait quelque chose d’émouvant, de pathétique. Ce n’est plus la prétendante arrogante de 2007 mais une femme humiliée qui a (presque) tout perdu. Elle a suscité la passion ; maintenant, elle inspire la compassion.
Elle dénonce une « trahison politique ». Est-ce que ce n’est pas un terme excessif ?
La trahison fait partie de la politique et Ségolène Royal est fondée à dire qu’elle en a l’expérience. En 2007, les chefs du PS (y compris Hollande) ont fait très mollement campagne pour elle. En 2008, ce sont des combines d’appareil et des bourrages d’urnes qui l’ont écartée de la tête du PS. Il est clair qu’à La Rochelle, elle a pâti d’un rejet personnel important – sans doute aggravé par les conditions de son investiture, imposée par le PS contre le candidat local. Cela dit, la logique (et la morale) politique aurait voulu que Olivier Falorni se retire après le 1er tour puisque Ségolène Royal le devançait. En se maintenant, il a offert à la droite l’occasion de la faire battre. C’est ce qui s’est passé.
Le fameux « tweet » de Valérie Trierweiler a-t-il joué contre Ségolène Royal ?
Il est probable que le mot « trahison », choisi par Ségolène Royal, renvoie aussi à une blessure plus personnelle. On a pu penser que l’agressivité et la maladresse de Valérie Trierweiler lui aurait attiré beaucoup de sympathies – visiblement, pas à La Rochelle. En réalité, c’est surtout pour François Hollande que le fameux « tweet » a un effet négatif : il a perdu à la fois de son autorité et de sa neutralité dans cette affaire ; la France entière l’imagine tout embarrassé pour dénouer l’imbroglio scabreux entre sa compagne et la mère de ses enfants... Ségolène Royal est cornélienne mais François Hollande, lui, est devenu un personnage de Feydeau !
Quel peut être l’avenir politique de Ségolène Royal ?
Elle ne compte pas se retirer : d’ailleurs l’annonce de sa défaite, avant l’heure légale, était bien un coup à sa façon, la preuve qu’elle n’a rien perdu de son orgueil. Elle va chercher à se relancer aux régionales, dans 2 ans – elle a toujours fait de sa présidence de région un tremplin. En attendant, son échec jette une ombre de mauvaise conscience sur le triomphe de François Hollande : elle n’était pas invitée à l’Elysée pour la passation de pouvoir, on l’avait « oubliée » sur le clip de campagne, elle ne sera pas présidente de l’Assemblée… A trop vouloir l’effacer de la belle photo du nouveau pouvoir, François Hollande risque d’apparaître mesquin. Il risque aussi de s’en faire une ennemie – ou pire : une opposante.
Pour écouter Le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce lundi 18 juin, cliquez ici.