Un ex-candidat RN à la mairie de Paris conseille la "remigration" à Fatoumata Koné, élue écologiste

Serge Federbusch, ex-candidat de l'extrême-droite à la mairie de Paris en 2020, alors soutenu par le Rassemblement national. - Joël Saget - AFP
L'élue parisienne Fatoumata Koné, cheffe de file du groupe écologiste, a reçu mercredi le soutien du Conseil de Paris après un message sur X de l'ex-candidat aux municipales soutenu par le RN Serge Federbusch lui enjoignant la "remigration".
Mardi soir, Fatoumata Koné a dénoncé sur le réseau social l'évacuation par la force d'un campement de jeunes présentés comme des mineurs non accompagnés (MNA), installé sous le pont Neuf, en plein coeur de la capitale.
Un "message abject et nauséabond", dénonce la maire de Paris Anne Hidalgo
"Une seule solution, la #Remigration, la tienne comprise", lui a répondu sur X Serge Federbusch, qui avait été soutenu par le RN lors des élections municipales de 2020. Au premier tour, il avait recueilli 1,47% des voix, un seuil insuffisant pour siéger au Conseil de Paris.
Le terme remigration fait écho au scandale qui secoue le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), accusé d'avoir présenté un plan d'expulsion massive du pays d'étrangers et de "citoyens non assimilés".
Au Conseil de Paris, la maire Anne Hidalgo a dénoncé un "message tout ce qui a de plus abject, nauséabond".
"Je suis née en 1981, j'ai grandi à Paris et je subis du racisme depuis que je fais de la politique, depuis 2014", a réagi, émue aux larmes, cette élue aux origines africaines. "Je suis née en France, ce n'est pas un sujet pour moi mais un sujet pour beaucoup de gens", a ajouté Fatoumata Koné, déplorant un "racisme exacerbé par l’actualité politique".
Elle a reçu une ovation des élus du Conseil, tous bords confondus.
L'élue écologiste devrait porter plainte à la suite de ces propos racistes, selon une information de BFM Paris Ile-de-France.
Fatoumata Koné a reçu plusieurs messages de soutien, notamment à gauche, Manuel Bompard, le coordinateur de LFI a déploré sur X une "odieuse insulte raciste". La secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier a dénoncé le "vrai visage de l'extrême droite" tandis que l'élu communiste de Paris Ian Brossat a jugé que Paris était une "ville multiculturelle, cosmopolite et [le] restera".
"Des propos tombant sous le coup de la loi", estime le préfet de police de Paris
"Ces propos tombent sous le coup de la loi", a estimé le préfet de police Laurent Nuñez, dénonçant une attaque "haineuse et odieuse". Fatoumata Koné l'a tout de même interpellé sur l'évacuation en question, l'accusant d'avoir "détruit un campement de réfugiés avec une violence inouïe". "Je ne rougis pas de ce que j'ai fait", lui a répondu le préfet, expliquant avoir mis un terme à la "constitution d'un campement précaire".
Rejetant l'accusation de "nettoyage social" en vue des Jeux olympiques, il a rappelé que le gouvernement avait "augmenté de 30% l'effort d'hébergement ces cinq dernières années" et permettait l'hébergement de 120.000 personnes chaque soir en Île-de-France.
Les jeunes migrants évacués ont trouvé un "refuge temporaire" à l'Académie du climat, l'ancienne mairie du IVe arrondissement transformée en centre d'éducation à l'environnement pour la jeunesse parisienne, a précisé l'adjointe aux Solidarités Léa Filoche. Selon le groupe écologiste, ils sont au nombre de 150.