RMC
Politique

Qui est Huguette Bello, qui pourrait être la future Première ministre du Nouveau Front populaire ?

Huguette Bello, le 11 décembre 2015 à Saint-Denis de La Réunion

Huguette Bello, le 11 décembre 2015 à Saint-Denis de La Réunion - RICHARD BOUHET / AFP

C'est un nom qui n'est pas connu du grand public et il a pourtant été proposé par les communistes pour être la potentielle future Première ministre du Nouveau Front populaire. Insoumis, écologistes ont validé ce profil, à l'exception des socialistes. Qui est Huguette Bello, actuelle présidente du conseil régional de La Réunion ?

Depuis dimanche soir et l'obtention d'une majorité relative à l'Assemblée nationale par le Nouveau Front populaire, les négociations entre les quatre formations - PCF, PS, LFI et EELV - ont débuté afin de trouver celui ou celle qui pourrait devenir le Premier ministre du nouveau gouvernement.

Sauf que les négociations patinent. Depuis le début de la semaine, les différents responsables du NFP écument les plateaux télés depuis plusieurs jours pour assurer que les discussions avancent et qu'un nom finirait par se dégager, certains assurant même qu'il pourrait être dévoilé d'ici la fin de la semaine.

La situation semble se décanter légèrement puisque depuis hier, vendredi 12 juillet, trois formations sur quatre qui composent le NFP, à savoir LFI, le PCF et EELV semblent s'être mis d'accord sur une candidature. Seul le PS reste encore à convaincre, alors qu'il doit se réunir ce samedi en conseil national.

>> Suivez notre direct consacré aux législatives

Selon une information de l'Humanité confirmée par BFMTV, c'est le PCF qui aurait amené un nouveau nom - peu connu du grand public - afin de débloquer la situation, alors que socialistes et insoumis poussaient chacun de leur côté pour un candidat issu de leur camp, notamment Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon.

Sur RMC, au micro des Grandes Gueules, l'insoumis Eric Coquerel a reconnu jeudi que les socialistes bloquaient sur le fait que le Premier ministre soit issu des rangs de LFI.

"Consensus"

Cette candidate inattendue, c'est Huguette Bello, qualifiée vendredi de "très bon nom", par le député insoumis Antoine Léaument sur BFMTV, qui nuance cependant que "Jean-Luc Mélenchon" reste "l'évidence pour Matignon".

Selon Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, le nom de Huguette Bello ferait "consensus". Elle "aurait cette capacité à construire des majorités et parler avec le président de la République".

Âgée de 74 ans, elle est actuellement présidente du conseil régional de La Réunion. Née à Saint-Pierre, elle a été membre du Parti communiste réunionniais jusqu'en 2012 avant de fonder Pour La Réunion. Elle a députée française de 1997 2020 et a notamment siégé avec les députés communistes.

Communiste puis soutien de Jean-Luc Mélenchon en 2022

En 2022, l'élue réunionnaise avait pour autant donné son parrainage à Jean-Luc Mélenchon dans le cadre de l'élection présidentielle, au détriment de Fabien Roussel. En 2024, elle est symboliquement candidate aux européennes sur la liste de LFI menée par Manon Aubry, en 81e et dernière position, aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, placé avant-dernier.

Hasard ou pas, Huguette Bello n'avait en tout cas rien posté sur X depuis le 2 juin, avant donc le scrutin des européennes, s'est félicitée en milieu de journée de la victoire du Nouveau Front populaire à La Réunion.

"Elle est pour la France l’image dont nous avons besoin", estime Mélenchon

L'apparition de ce nouveau profil surprise a tranquillement infusé au cours de la journée avant que finalement, les Insoumis enclenchent à leur tour la machine médiatique. En meeting hier soir, Jean-Luc Mélenchon a adoubé Huguette Bello. "Une proposition qui ferait honneur à tous et à notre pays", a-t-il estimé. "Elle est pour la France l'image dont nous avons besoin".

Au tour de Manuel Bompard sur BFMTV de passer la seconde, qui salue "un parcours assez extraordinaire, à la tête d'une collectivité territoriale dans une majorité qui est assez proche de ce qui est le Nouveau Front populaire". Selon le coordinateur de LFI, l'idée que la Première ministre soit une femme, issue d'un territoire d'outre-mer, cela ferait honneur à notre pays".

Des socialistes tiquent sur son abstention lors du vote du mariage pour tous

Les socialistes ne semblent pas vouloir en démordre, ils veulent Olivier Faure, le premier secrétaire du parti. D'autant que certains cadres mettent en avant un problème. Son abstention lors du votage pour le mariage pour tous, en 2013. Le maire socialiste d'Alfortville, Luc Carvounas, rappelle sur X que Catherine Vautrin a été écartée (en 2022 par Emmanuel Macron, NDLR) pour ces raisons. Je n’imagine pas le NFP valider cette candidature", estime-t-il.

"Elle a effectivement dans le passé pris des positions qui sont à l'inverse de ce que nous défendons", s'est justifiée sur BFMTV Dieynaba Diop, porte-parole du PS, à propos de ses réserves. "Je ne pense pas que ce nom fera consensus. J'ai besoin de quelqu'un qui a été un artisan de l'union de la gauche et qui soit un membre issu du Nouveau Front populaire. Deuxièmement, quelqu'un qui puisse parler à tout le monde et je ne suis pas certaine qu'elle soit dans cette situation", a-t-elle aussi déclaré.

D'autres rappellent néamoins qu'elle n'a jamais refusé de marier des personnes de même sexe, ayant même procédé à la première union homosexuelle outre-mer, à La Réunion, en juin 2013. Elle a également signé une tribune contre l'homophobie en 2018.

"Grande républicaine", louait en août dernier Gabriel Attal

Un profil qui pourrait ainsi faire le lien entre insoumis et communistes mais qui pourrait aussi paraître acceptable par une partie du camp présidentiel? Des internautes ont déterré des archives sur X, notamment où l'on peut entendre Gabriel Attal, alors ministre de l'Education nationale en août 2023, qualifier Huguette Bello de "grande républicaine".

Même son de cloche pour Aurore Bergé qui la qualifie dans un post sur le même réseau social, en avril dernier, de "combattante de la dignité humaine et des droits des femmes. Et une parlementaire qui a marqué durablement notre Assemblée. Suffisant pour incarner le "consensus" avancé par Fabien Roussel?

Le parti socialiste tient un "conseil national" samedi pour soumettre une proposition aux "partenaires" de la coalition de gauche et des "modalités de désignation". Affaire à suivre.

Léo Manson