Retailleau veut supprimer la protection policière d'ex-ministres et personnalités politiques

En plein examen du budget et avant une semaine cruciale, le gouvernement demandant aux anciens ministres de se serrer la ceinture et de renoncer à certains privilèges. Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau veut réformer la protection policière.
En proposant de supprimer la protection des personnalités les moins exposées aux risques, Bruno Retailleau espère ainsi mettre fin à un privlège qu'il estime injustifié. En clair environ une trentaine d'anciens ministres ou responsables de parti ont le droit d'être compagné au quotidien par des policiers.
Jean-Pierre Chevènement, Brice Hortefeux, Olivier Véran, Claude Guéant, François Baroin, Matthias Fekl ministre (moins de 2 mois) ou encore Jordan Bardella bénéficient de chauffeurs et d'officiers de sécurité. Pour chacun, ils sont 4 à se relayer. Aujourd'hui, il existe 4 échelons de protection, en fonction du niveau de risque, et le ministre de l'Intérieur veut donc supprimer le plus léger, le T4.
Un appel à l'exemplarité et une mesure populaire. Mais les menaces qu'encourent chaque personnalité sont déjà régulièrement réévaluées. Et il est donc déjà tout à fait possible de lever une protection. En plus d'économies pour le budget de l'Etat, l'idée est aussi de "soulager" la sous-direction de la protection des personnes (SDLP), un service "hyper sollicité", précise une source proche du dossier à l'AFP.
"Ce n'est pas agréable d'avoir une protection policière"
"Bruno Retailleau, c'est le Donald Trump de Wish", peste ce lundi sur RMC et RMC Story Flora Ghebali. "Il sait qu'il est là pour être ministre de l'Intérieur express et il se dit qu'il va prendre toutes les polémiques inflammables express. Ils regardent dans l'opinion publique pour polémiquer et ressort ça".
Elle en veut l'exemple d'Agnès Buzyn ancienne ministre agressée pendant la campagne municipale à Paris. "Il va ressortir cette polémique que l'agent public est dépensé dans la protection des ministres mais c'est pas parce qu'on protège une concitoyenne que l'Etat va faire faillite", ajoute-t-elle sur le plateau des Grandes Gueules. "Ce n'est pas agréable d'avoir une protection policière, si vous n'en avez pas besoin vous la refuser", poursuit Flora Ghebali.
"Matthias Fekl ne peut plus se déplacer dans Paris", ironise Olivier Truchot à propos de l'éphémère ministre de l'Intérieur. A contrario de Flora Ghebali, il rappelle que certains se gargarisent d'avoir une protection policière. "Il y a un chauffeur et un officier de sécurité qui viennent avec et ça valorise", ajoute-t-il.
Quand des officiers de sécurité portent les costumes d'un ancien Premier ministre
Olivier Truchot se souvient avoir croisé un ancien Premier ministre pressenti pour retourner à Matignon: "Il était avec deux officiers de sécurité qui lui portaient ses costumes au milieu d'un aéroport et il regardait si on le regardait. C'est ce qui reste de la monarchie et des privilèges".
"C'est dérisoire dans le budget de la France et ça ne changera rien", note le philosophe Jean-Loup Bonnamy. "Mais symboliquement, quand on demande des efforts aux Français et qu'on parle avec les gens, il y en a beaucoup qui ne comprennent pas cette protection à vie. Qui aurait envie de tuer Jean-Marc Ayrault (ancien Premier ministre pendant 1 sous François Hollande)? Il peut traverser Paris sans que personne ne le reconnaisse!", ajoute-t-il.
La semaine dernière, le Premier ministre Michel Barnier avait appellé les anciens ministres à faire "un effort" après la parution d'un rapport révélant ce que coûte leur train de vie à l'Etat, soit 81.271 euros annuels pour Jean-Marc Ayrault, faisant de lui l'un des plus vertueux en la matière.