Pour Jordan Bardella, des "lignes rouges demeurent" après l'annonce de Michel Barnier sur l'électricité

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, le 14 septembre 2024 à Paris - Ludovic MARIN / AFP
Michel Barnier a renoncé jeudi à augmenter les taxes sur l'électricité, dans l'espoir de convaincre le Rassemblement national de ne pas censurer le gouvernement, mais des "lignes rouges demeurent" pour le parti lepéniste.
"J'ai décidé de ne pas augmenter les taxes sur l'électricité dans le projet de loi de finances 2025", "cela permettra une baisse des prix de l'électricité de 14%, qui ira donc bien au-delà de la baisse de 9% prévue initialement", affirme le Premier ministre dans un entretien au Figaro. Il a précisé qu'il s'agissait d'une demande quasi-unanime de la classe politique.
Michel Barnier a "jusqu'à lundi" pour répondre aux "lignes rouges" du Rassemblement national sur les textes budgétaires pour 2025 et éviter ainsi la censure, a prévenu jeudi Marine Le Pen dans Le Monde. Le président du RN, Jordan Bardella, lui, s'est rapidement félicité sur X de cette "victoire", mais a ajouté que "des lignes rouges demeurent" pour son parti.
“Un sérieux tour de vis migratoire et pénal doit être engagé"
Le gouvernement doit aussi renoncer au "déremboursement supplémentaire de médicaments", baisser drastiquement "la coûteuse" aide médicale d'État pour les étrangers sans papiers (AME), mettre en place "un moratoire sur toute nouvelle création ou hausse d'impôt et de taxe" et engager "un sérieux tour de vis migratoire et pénal", a-t-il détaillé.
“Un sérieux tour de vis migratoire et pénal doit être engagé, sans que l'on se paye de mots et de promesses: notre pays ne peut plus accueillir une immigration de masse qui bouleverse son identité et pèse lourdement sur ses comptes publics”, a poursuivi Jordan Bardella.
Avant de conclure: “ces mesures de bon sens sont réalistes, rapidement applicables et attendues par une immense majorité de Français. Le Premier ministre ne peut y rester sourd. Il lui reste quelques jours”.
En place depuis à peine plus de deux mois, le gouvernement joue sa survie face à la motion de censure que le RN menace de voter avec la gauche, peut-être dès la semaine prochaine, sur le budget de la Sécurité sociale. Le parti lepéniste soutient également le Nouveau Front populaire dans sa tentative jeudi d'abroger la très décriée réforme des retraites.
Les allègements de charges des entreprises ne seront pas réduits jusqu'à 2,25 SMIC
Sur le budget, l'exécutif s'est dit prêt d'emblée à "améliorer" les textes qui prévoyaient 60 milliards d'euros d'effort en 2025 afin d'assainir des finances publiques très dégradées. Il a multiplié les compromis, notamment sur l'indexation des retraites.
Dans un autre geste, à l'endroit des macronistes cette fois qui veulent à tout prix préserver les allègements de charges des entreprises, Michel Barnier a confirmé jeudi qu'ils ne seraient pas réduits jusqu'à 2,25 Smic.
Le gouvernement souhaitait initialement relever la fiscalité sur l'électricité à un niveau supérieur à celui qui prévalait avant le bouclier tarifaire contre l'inflation, pour engranger 3,4 milliards d'euros. Mais il avait ouvert la porte à des "concessions".
C'est finalement un revirement complet sur ce point qu'a acté le Premier ministre. "Chacun prendra ses responsabilités", a-t-il dit devant un parterre de petites et moyennes entreprises après son annonce. "Je prends les miennes et ensuite, chacun devra prendre les siennes."
Si le gouvernement tombe, le budget ne sera pas adopté, et la France foncera droit dans le mur, assurent ses membres. L'éventualité d'une France sans gouvernement fait déjà tressaillir les marchés. Le taux d'emprunt de la France a dépassé pour la première fois mercredi, brièvement, celui de la Grèce, pays qui avait frôlé la faillite.