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Retraites, voile... Jordan Bardella recule sur son programme ? : les électeurs RN pas vraiment inquiets

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Dans l'hypothèse de sa nomination en tant que Premier ministre, Jordan Bardella a annoncé qu'il prévoyait d'ajourner certaines de ses mesures phares. Cette décision risque-t-elle de faire reculer certains de ses électeurs ?

A quelques jours du premier tour des élections législatives, Jordan Bardella rétropédale sur son programme. Cette décision lui a valu des tacles, notamment de la part de Gabriel Attal.

Invité du 20h de TF1, le 19 juin, le Premier ministre a comparé le programme du président du Rassemblement national à un oignon. "Chaque jour, il se pèle un peu plus, et à la fin, il ne reste que les yeux pour pleurer", a-t-il déclaré, affirmant que le bras-droit de Marine Le Pen pratiquait "la politique du tango".

Abrogration de la réforme des retraites ou encore baisse de la TVA sur les produits de première nécessité... Certaines mesures ont été renvoyées à plus tard par Jordan Bardella, s'il venait à être nommé Premier ministre.

Les réactions des électeurs du RN

Parmi les mesures phares qu'il a annoncé ajourner se trouve l'interdiction du port du voile. Une démarche risquée, qui pourrait créer une certaine frilosité parmi ses électeurs ?

Dans le Var, fief historique de l'extrême droite, ceux-ci tiennent peu rigueur des promesses non tenues. Opposée au voile, Sylvie trouve toutefois le calendrier un peu long. "Dans trois ans ? Ce n'est pas possible. Alors qu'il ne le dise pas, qu'il se taise", s'agace-t-elle au micro de RMC.

Face à elle, Jacqueline excuse le président du Rassemblement national. "Il va faire ce qu'il peut. Il le dit : s'il n'a pas la majorité, il ne pourra pas travailler", explique-t-elle.

Pour les électeurs, peu importe les approximations et les renoncements du président du RN. Martine voit de son côté un homme politique qui lui ressemble.

"C'est un garçon intelligent, instruit, posé, qui a vécu dans les quartiers nord, qui a été élevé par sa mère, donc il comprend ce que c'est la vie", assure-t-elle.

La figure de Jordan Bardella incarne chez eux le changement et la promesse d'un retour à l'ordre. Un élément manquant aujourd'hui en France pour Laurent. "Mon souci est toujours le même, c'est la sécurité. Et, si Macron avait fait le boulot sur la sécurité, on n'en serait pas là aujourd'hui", lâche-t-il.

L'interdiction du port du voile ensivagé en 2027

Si les électeurs ne sont pas vraiment rancuniers face à l'ajournement des mesures phares du parti d'extrême droite, certaines sont plus compliquées que d'autres.

En ce qui concerne le port du voile, Marine Le Pen en parlait déjà comme "un problème complexe" lors de sa campagne présidentielle en 2022, consciente que les étapes à franchir sont nombreuses.

Pour y arriver, le RN compte faire voter une proposition de loi sur la lutte contre les idéologies islamistes. Dans ce texte, déjà déposé par le parti à l'Assemblée nationale, il est question d'interdire les tenues islamistes, le voile en premier lieu.

Un membre du RN affirme que la loi pourrait être votée rapidement, mais des textes réglementaires seraient ensuite nécessaires pour inclure un volet répressif. C'est pourquoi le parti tempère et que "2027 semble un horizon réaliste", explique un stratège.

Restera ensuite l'étape du Conseil constitutionnel. Un des initiateurs du projet compte s'appuyer sur une subtilité de la loi de 2010 qui interdit le port de la burqa. Il anticipe un texte retoqué, car "on le sait bien, c'est devenu un organe politique".

"Aucun renoncement", assure sur RMC Jean-Philippe Tanguy

Jordan Bardella "n'a annoncé aucun renoncement" et ne recule sur "aucune mesure", a précisé sur RMC, dans Apolline Matin, le député sortant RN Jean-Philippe Tanguy. "Elles seront justes échelonnées" sur la durée, "certaines mesures pourront être appliquées".

Certains projets de loi sont préparés, selon lui, par exemple: "la loi immigration est écrite, la loi contre l'islamisme déjà écrite." Mais "dans le calendrier, avec la consultation des corps intermédiaires, on ne peut pas faire de réforme des retraites sans consulter les partenaires sociaux, les syndicats", a-t-il prévenu.

Alfred Aurenche, Hélène Terzian, avec Mélanie Hennebique