Royal et Aubry, rivales d'hier, réunies à Poitiers

Les adversaires du congrès de Reims de novembre 2008, qui vit Martine Aubry élue de justesse premier secrétaire au détriment de la candidate du PS à l'élection présidentielle un an plus tôt, se retrouvent à Poitiers, sur les terres de la présidente de la région Poitou-Charentes.
Prévue de longue date, cette réunion publique prend du relief au moment où se réveille le jeu des alliances derrière celui ou celle qui représentera le PS dans la course à l'Elysée - pour laquelle François Hollande est le nouveau favori.
Preuve de l'intérêt suscité, une soixantaine de journalistes d'une quarantaine de médias différents suivront cette "rencontre du changement", l'une des dernières organisées avant l'adoption du projet PS pour 2012, samedi en convention nationale à Paris.
Principal bénéficiaire dans les sondages de la chute de l'ancien favori Dominique Strauss-Kahn inculpé de tentative de viol aux Etats-Unis, François Hollande est en voyage en Tunisie, étape étrangère d'une campagne active lancée il y a deux mois.
Martine Aubry, qui a fait un pas vers une candidature en parlant dimanche à la télévision de son "envie de faire gagner la gauche" et "d'être utile à (s)on pays", semble elle aussi en capacité de battre Nicolas Sarkozy en 2012.
En retard dans les enquêtes d'opinion, Ségolène Royal, candidate à la primaire depuis fin 2010, poursuit ses rencontres au plus près des Français.
"TOUT SAUF HOLLANDE"
"Ce ne sont pas les concours de sondages qui feront l'élection", déclarait-elle dimanche à Toulouse, mettant en garde contre toute "manipulation des esprits".
A l'approche du dépôt officiel des candidatures à la primaire - du 28 juin au 13 juillet, pour un scrutin prévu en octobre -, une ligne semble se dessiner au PS entre les partisans de François Hollande et les autres, membres officieux d'un courant "Tout sauf Hollande" apparu ces derniers jours.
De fait, l'affiche de Poitiers sonne comme un front commun mettant en scène un premier secrétaire qui reprocha naguère à son prédécesseur de lui avoir laissé un parti en mauvais état.
Si elle a donné des signes d'apaisement envers Martine Aubry, Ségolène Royal n'en a pas fait autant pour François Hollande, son ancien compagnon, le père de ses quatre enfants.
Le couple, qui s'était rencontré à l'Ena dans les années 1970, s'est officiellement séparé après la campagne de 2007.
Face au duel Aubry-Hollande qui semble se profiler pour la primaire, Arnaud Montebourg, également candidat, a des mots durs pour l'un comme pour l'autre.
"Ce sont les mêmes qu'il y a dix ans. Ce sont ceux qui nous ont fait perdre en 2002, qui avaient déjà rédigé le projet à cette époque qui sont candidats en 2012", déclare-t-il dans Libération.
En 2002, le candidat socialiste Lionel Jospin avait été éliminé dès le premier tour de la présidentielle au profit du président du Front national, Jean-Marie Le Pen.
Arnaud Montebourg, qui se considère comme "le meilleur rassembleur de toutes les gauches", n'exclut pas "d'être au deuxième tour de la primaire".
Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse