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Sarkozy croit toujours en ses chances, il est bien le seul !

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, tous les matins à 8h25 sur RMC.

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En visite dans la Loire hier mardi, Nicolas Sarkozy s'est félicité avec assurance de la situation de la France, « qui résiste mieux que les autres à la crise gigantesque que connaît le monde ». Une déclaration qui sonne comme un air de campagne électorale.

Moins les autres y croient, plus il est lui-même persuadé qu’il sera réélu dans 9 mois. On connaît notre Nicolas Sarkozy : il aime avoir raison contre tout le monde… Faisons bien la différence entre la communication présidentielle et la réalité politique. Bien sûr que la sérénité qu’il affiche dans ses déplacements en province est une posture étudiée, millimétrée – elle tranche avec l’inquiétude de ses conseillers. Sur le papier, l’élection est perdue d’avance : sa cote est au plus bas, la majorité est divisée, il risque d’y avoir plus de candidats à droite qu’à gauche et tous les voyants économiques sont au rouge. Mais l’élection c’est un match ; le vainqueur n’est pas toujours celui qui joue le mieux.

Est-ce que c'est l'expérience du pouvoir qui est son meilleur atout ?

Pas le meilleur : le seul. Mais c’est un argument déterminant dans une présidentielle – et ce sera encore plus le cas l’an prochain. A cause de la crise, des angoisses qu’elle provoque, à cause des bouleversements du monde arabe aussi, que les élites voient comme une évolution positive mais qui inquiètent l’opinion dans toute l’Europe. A tort ou à raison, Nicolas Sarkozy est persuadé qu’au moment du vote, c’est lui qui sera le plus rassurant, le plus apte à prendre les bonnes décisions, même douloureuses – et que, par contraste, ses adversaires ressembleront au mieux à des amateurs, au pire à des incapables. C’est la musique qu’il veut faire entrer dans vos oreilles quand il dit que la France se porte moins mal que les autres. Il le redira aux députés de l’UMP tout à l’heure.

Il a dit hier qu'il croyait toujours à son slogan de 2007 : « Travailler plus pour gagner plus. » Peut-il refaire la même campagne ?

Là, on n’est pas dans l’artifice de com mais dans le trompe-l’œil pur et simple. Lui-même est revenu en arrière sur les exonérations de charges sur les heures supplémentaires parce que le dispositif a échoué. Et observons d’ailleurs que lui-même s’applique le principe inverse : « S’agiter moins pour présider plus ». Il est passé de : « Il faut que je fasse tout » à « Il faut que j’en fasse moins ». Il laisse Fillon annoncer le plan de rigueur, n’intervient plus à tout bout de champ, ne répond à aucune attaque. Il doit avoir des fourmis dans les pieds et on imagine qu’il fait des bonds dans son bureau mais il se tient à son personnage. Il veut convaincre qu’il a changé de style, mais pas de politique. A voir les sondages, ça ne marche pas si mal.

Il est quand même systématiquement devancé par François Hollande et Martine Aubry dans les sondages. Il est donc loin d'être favori...

D’accord, mais favori, Giscard l’était et il a été battu ; alors que Mitterrand et Chirac ne l’étaient pas et eux ont été réélus. Ce que montrent les sondages, quand on les étudie de près, c’est un rejet (assez profond) de la personne de Sarkozy plus que de sa politique. Disons que jusqu’ici, c’est un président qui n’a pas gagné à être connu. La différence avec les autres, c’est qu’au lieu d’être un président qui s’efforce de redevenir candidat, il est, lui, un candidat qui tente de devenir président.

Ecoutez ci-dessous le "Parti pris" de ce mercredi 7 septembre 2011 avec Hervé Gattégno et Jean-Jacques Bourdin :

Hervé Gattegno