Simeoni répond à Valls: "Depuis des années, rien n'a été fait pour les prisonniers politiques corses"
Il est attendu de pied ferme en Corse. Manuel Valls effectue ce lundi sa première visite sur l'île en tant que Premier ministre. Depuis son entrée au gouvernement les relations entre le Premier ministre et la Corse sont tumultueuses: chacune de ces interventions ayant fait polémique sur l'île. Ce lundi, le chef du gouvernement est donc particulièrement attendu, principalement par les élus nationalistes. Le président de l'exécutif, Gilles Simeoni, a notamment demandé l'application des règles de rapprochement des prisonniers dits "politiques", pour qu'ils purgent leur peine en Corse, plus près de leur famille. Plus de 150 communes se sont également prononcées pour une loi d'amnistie.
Mais dans une interview au journal Corse Matin ce lundi, Manuel Valls estime, entre autres, que sur "la question du rapprochement des détenus d'origine corse incarcérés pour des faits de terrorisme, tout ce qui pouvait être fait a été fait". Des propos loin d'être au goût de Gilles Simeoni: "Je suis extrêmement surpris par les propos du Premier ministre, assure-t-il sur RMC. Soit il est mal informé, soit il assène des contrevérités car malheureusement rien n'a été fait, depuis des années, pour les prisonniers politiques".
"Je suis en colère"
"On ne comprend donc pas pourquoi on s'entête à ne pas vouloir les rapprocher, insiste-t-il. Ceci alors même qu'en Corse, la logique forte, fondatrice, est un retour à la paix civile. Manifestement, pour l'instant, du côté de l'Etat, ce n'est pas le choix qui est fait". Un rassemblement pour demander l'amnistie de ces prisonniers nationalistes sur le continent aura d'ailleurs lieu ce matin à Ajaccio durant la visite du Premier ministre. Pour Jean-Marie Poli, porte-parole de l'association de défense des prisonniers dits "politiques" Sulidarità, avec ses propos, Manuel Valls jette de l'huile sur le feu.
"Je suis en colère parce qu'aujourd'hui en Corse la situation tend à l'apaisement, déclare-t-il. Les Corses ont fait un pas en avant. Dans nos nouvelles relations avec la France, nous espérions pouvoir tourner la page. Mais avoir cette attitude de fermeture n'est pas la meilleure façon de contribuer à ce que l'on arrive, un jour, à une concorde. Si cela perdure, la mobilisation va continuer, va s'amplifier".