Sursaut moral au PS ? On demande à voir

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC. - -
La morale avance mieux si l’applique que si on se contente de la brandir. De ce point de vue, les cas de S. Andrieux et de JP Kucheida invitent à la prudence. Le PS ne veut plus d’eux comme candidats mais d’évidence, il se satisferait qu’ils soient élus. Dans le Pas-de-Calais, Kucheida est exclu pour s’être maintenu contre le candidat investi par le PS (il a moins le sens du parti que le sens des affaires) ; les barons locaux qui le soutiennent, eux, ne sont pas sanctionnés. Quant à S. Andrieux, le PS ne présente personne contre elle. Comme la décision est tombée in extremis, il y aura même le logo du PS sur ses bulletins de vote ! Donc, ce sont des signes qui vont dans le bon sens, mais on est encore loin de l’opération « mains propres ».
Ça signifie qu’il ne s’agit que d’une simple opération de communication électorale ?
Disons qu’il en faudra plus pour que les B-du-Rhône et du Pas-de-Calais deviennent des havres de probité. Mercredi, JM Ayrault est venu à Marseille soutenir M.A. Carlotti ; il n’a pas eu un mot sur le système Guérini, qui avec ses compromissions crapuleuses déshonore le PS et la politique. C’était pourtant l’occasion de montrer que l’éthique n’est pas toujours subordonnée aux impératifs électoraux. S’agissant de S. Andrieux, 2 remarques : 1. son renvoi en correctionnelle est tout sauf une surprise ; l’enquête sur les détournements de subventions dans les quartiers Nord de Marseille est terminée depuis des mois. Le PS avait tout le temps de trouver une solution. 2. La circonscription où elle se présente est l’une des meilleures de France pour… le FN. Ça tombe particulièrement mal.
Doit-on être soupçonneux avec les intentions affichées par F. Hollande pour mettre en place une « République irréprochable » ?
La vertu est l’objectif idéal de la politique. Mais l’expérience montre que les proclamations les plus louables cachent parfois des calculs qui le sont moins. L’orientation donnée par F. Hollande est salutaire – y compris dans les mesures symboliques comme la réduction du traitement du président et des ministres et l’encadrement des salaires des patrons du secteur public. Ce sont des coups politiques sans coût financier – mais qui peuvent produire des bénéfices électoraux. On ne peut pas exclure que les sanctions du PS contre ses élus impliqués dans les « affaires » relève de la même mise en scène – et en images. Raison de plus pour veiller à ce que les paroles soient suivies d’actes. Il n’y a pas de raison de voir la politique tout en noir ; mais ce serait un tort de signer des chèques blancs.
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